Ces violences ont fait 161 morts, sans compter les putschistes, et 1.440 blessés, dont de nombreux civils, a déclaré hier le Premier ministre, Binali Yildirim. La situation est « entièrement sous contrôle », a affirmé le Premier ministre turc, hier matin. Un avion a largué tôt, hier, une bombe près du palais présidentiel à Ankara et des avions de chasse F-16 ont bombardé des chars de rebelles aux abords du palais présidentiel. Peu après, une soixantaine de soldats rebelles, qui avaient investi dans la nuit l'un des ponts suspendus enjambant le Bosphore à Istanbul, se sont rendus aux forces de sécurité. Des F-16 ont également abattu un hélicoptère des putschistes. Le Premier ministre, Yildirim, a ordonné à l'armée d'abattre les avions et les hélicoptères se trouvant aux mains des militaires putschistes. Il a annoncé avoir nommé un nouveau chef de l'armée par intérim, le général Ümit Dündar, qui a annoncé que le putsch avait été « mis en échec ». La présidence turque a, de son côté, exhorté les Turcs sur Twitter à rester dans les rues, mettant en garde contre une « nouvelle flambée ». De retour de ses vacances à Marmaris—station balnéaire du sud-ouest du pays-, le président Recep Tayyip Erdogan semblait, hier matin, avoir repris la main à l'aube, après plusieurs heures de grande confusion. Il a été accueilli à l'aéroport d'Istanbul par une foule de sympathisants. Il leur a indiqué que l'hôtel où il se trouvait en vacances avait été bombardé après son départ. Assurant qu'il continuerait à assumer ses fonctions « jusqu'à la fin », Erdogan a dénoncé « une trahison » des soldats putschistes, qu'il a accusés d'être liés à son ennemi juré, Fethullah Gülen, un imam exilé depuis des années aux Etats-Unis. « Je réfute catégoriquement ces accusations », a rétorqué ce dernier dans un communiqué. Deux heures environ après l'annonce du coup d'Etat, le président turc avait prédit son échec, la voix blanche, à la télévision et s'exprimant depuis un endroit non précisé, avec un portable via FaceTime. La chaîne publique turque de télévision avait diffusé peu avant minuit un communiqué des « forces armées turques », faisant état de la proclamation de la loi martiale et d'un couvre-feu dans tout le pays. Les putschistes ont justifié leur « prise de pouvoir totale dans le pays » par la nécessité « d'assurer et de restaurer l'ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de l'homme et les libertés, et laisser la loi suprême du pays prévaloir ». Huit d'entre eux ont pu fuir en Grèce et ont demandé l'asile. 104 auraient été tués dans les affrontements, et 2.839 militaires ont été arrêtés en lien avec cette tentative que le Premier ministre, Binali Yildirim, a qualifiée de « tache » sur la démocratie turque. Plusieurs voix s'élevaient, hier, pour saluer le peuple turc. Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a souligné sur Twitter que « la stabilité du pays est essentielle pour toute la région ». Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a salué « le fort soutien » à « la démocratie » manifesté par la société civile et politique en Turquie. La tentative de coup d'Etat en Turquie accroît la menace sur la stabilité régionale et internationale, a mis en garde le ministère russe des Affaires étrangères. Le Qatar, un proche allié de la Turquie, a félicité le président turc pour « le soutien du peuple de Turquie à son régime et contre le coup d'Etat militaire raté ». Pour sa part, le mouvement palestinien Hamas a « dénoncé la tentative ratée de coup d'Etat » et « félicité le peuple et les dirigeants turcs pour avoir réussi à protéger la démocratie ».