La rapidité et le nombre d'arrestations depuis vendredi laissent penser que le gouvernement disposait au préalable d'une liste à cette fin, a estimé hier le commissaire européen à l'élargissement, Johannes Hahn. Ce qui est appelé coup d'Etat en Turquie suscite des interrogations parmi des diplomates occidentaux. Le nombre de policiers, militaires, magistrats et fonctionnaires limogés depuis le coup d'Etat avorté en Turquie est hallucinant. Près de 17 000 personnes ont déjà fais les frais de cette chasse à l'homme. Des milliers de ces personnes ont déjà été placées en garde à vue après le putsch avorté, a indiqué hier le Premier ministre Binali Yildirim. Et près de 9000 fonctionnaires du ministère de l'Intérieur ont été limogés, en majorité des policiers. Sur les 7543 suspects en garde à vue figurent 6038 militaires, 755 magistrats et 100 policiers, a précisé le chef du gouvernement turc. Près de 3000 mandats d'arrêt ont été délivrés à l'encontre de juges et de procureurs. Yildirim a également fait état de 208 «martyrs», donc d'un bilan total d'au moins 308 morts dans la nuit du putsch échoué, puisque 104 putschistes présumés ont été tués, a annoncé la Turquie. La communauté internationale craint des représailles contre les personnes arrêtées. L'Europe et les USA ont appelé la Turquie à respecter l'Etat de droit. Par ailleurs, 8777 fonctionnaires du ministère de l'Intérieur turc ont été limogés, a rapporté lundi l'agence de presse progouvernementale Anadolu. Près de 4500 policiers et 614 gendarmes figurent parmi les fonctionnaires écartés, d'après Anadolu qui cite le ministère de l'Intérieur. Un gouverneur de province et 29 gouverneurs de municipalité ont aussi été écartés, écrit cette agence de presse. La rapidité et le nombre des arrestations depuis vendredi laissent penser que le gouvernement disposait, au préalable, d'une liste à cette fin, a estimé lundi le commissaire européen à l'élargissement, Johannes Hahn. «Je suis très préoccupé. C'est exactement ce que nous redoutions», continue le commissaire qui s'occupe de la candidature de la Turquie à l'Europe. La Turquie qui ambitionne d'adhérer à l'Europe s'éloigne de cette perspective avec la répression lancée contre les auteurs du coup d'Etat avorté. Des militaires ont été lynchés par la foule et les arrestations ont créé un climat de peur. Tayyip Erdogan, qui sort auréolé de cette tentative de coup d'Etat, est décrié par une partie de l'opinion publique mondiale pour le soutien qu'il apporte, d'après de nombreux experts politiques dans le monde, à des organisations extrémistes en Syrie, et pour le conflit lancé aux Kurdes, les bombardant en Irak où des troupes militaires turques sont déployées sans l'autorisation du gouvernement irakien. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et les ministres des Affaires étrangères de l'Europe ont mis en garde hier la Turquie contre la tentation d'une répression généralisée, trois jours après le coup d'Etat avorté. «Nous disons aujourd'hui que l'Etat de droit doit être protégé pour le bien» de la Turquie, a-t-elle lancé à la presse en arrivant à une rencontre des ministres des Affaires étrangères de l'Europe, à Bruxelles. Pouvoir politique en Turquie: WikiLeaks publiera des documents Le site WikiLeaks, connu pour ses multiples révélations fracassantes, a annoncé la prochaine publication de plus de 100 000 documents concernant la structure du pouvoir politique en Turquie. «Préparez-vous à une bataille quand nous publierons plus de 100 000 documents sur la structure du pouvoir politique en Turquie», communique WikiLeaks sur son compte Twitter. Rappelons que dans la nuit du 15 au 16 juillet, une tentative de coup d'Etat militaire a été entreprise en Turquie. Les services de sécurité ont déjà arrêté plus de 6000 personnes, notamment de nombreux militaires hauts gradés. 290 personnes sont mortes et plus de 1000 autres ont été blessées.