Après la tentative de prise de pouvoir par les putschistes avant-hier soir, Ankara a répondu par une violente riposte... La situation reste très floue en Turquie après le putsch tenté vendredi soir par une partie de l'armée. Après la tentative de prise de pouvoir par les putschistes avant-hier soir, Ankara a répondu par une violente riposte... La situation reste très floue en Turquie après le putsch tenté vendredi soir par une partie de l'armée. Le dernier bilan provisoire de cette tentative fait état de 161 tués et 1.440 blessés parmi les forces loyalistes et les civils. Au moins 104 putschistes ont été tués, selon les déclarations du chef d'état-major par intérim, Askeri Darbe Onlendi. Mais ce chiffre est provisoire. Le Premier ministre, Binali Yildirim, a annoncé l'arrestation de 2.839 militaires en relation avec la tentative de ce coup de force. Le Parlement turc s'est réuni en session extraordinaire ce samedi matin. Une réunion, dont l'issue ne fait toutefois pas beaucoup de doute selon les observateurs. "Il n'y a rien à attendre de cette rencontre. Tous les partis vont opter pour l'union nationale derrière Erdogan dans le but de maintenir la démocratie", analyse Dorothée Schmid, spécialiste de la Turquie à l'Institut français des relations internationales (Ifri). "Tous les partis ont condamné le putsch, après les événements sanglants survenus cette nuit", explique également Alican Tayla, enseignant en relations internationales à l'Université Paris 13 et présent à Istanbul la nuit dernière. Une purge importante au sein des militaires En parallèle, une purge importante a lieu dans l'armée. Les autorités turques ont arrêté 1.563 membres des forces armées, a indiqué ce samedi matin un responsable turc. Le général Ümit Dündar, chef de l'armée turque par intérim, a par ailleurs annoncé que 104 putschistes avaient été abattus. "Les arrestations dans l'armée se poursuivent. La purge des gülenistes (les partisans de Fethullah Gülen, opposant au président Erdogan) est d'ailleurs presque finie. Un grand nettoyage avait déjà eu lieu en 2013 dans la police et les services turcs", explique Dorothée Schmid. Lors de sa conférence de presse donnée la nuit dernière, le président Erdogan avait d'ailleurs affirmé vouloir "nettoyer l'armée". La situation reste tendue "La situation pourrait bien profiter à Erdogan et à son gouvernement », poursuit Alican Tayla. « On s'attend à une restriction des libertés encore plus importante, comme le rétablissement de la peine de mort ou la prolongation de l'état d'urgence." Dans ce contexte explosif, les partisans du PKK, le parti pro-kurde, ne se sont pas positionnés. "Ils font profil bas. C'est un moyen de se protéger. Ils craignent que l'immunité de leurs parlementaires soit menacée", souligne Dorothée Schmid. En Turquie, la situation reste tendue. "On a le coup d'Etat d'un côté et un renforcement d'un régime conservateur de l'autre côté", résume Alican Tayla. Erdogan règne depuis 13 ans sans partage sur la Turquie . Depuis trois ans, il est devenu la figure la plus critiquée de Turquie, dénoncé pour sa dérive autocratique et islamiste. Sa hantise des réseaux sociaux et de la presse indépendante renforce l'inquiétude de ceux qui, comme le chef de l'opposition Kemal Kiliçdaroglu, l'accusent de vouloir "rétablir le sultanat". Luxueux, gigantesque et extravagant, le palais de 500 millions d'euros dans lequel il a emménagé il y a deux ans est devenu le symbole de sa "folie des grandeurs". Réélu en 2007 puis en 2011, avec près de 50 % des voix, il se prend alors à rêver de rester au pouvoir jusqu'en 2023 pour célébrer le centenaire de la République turque. Mais ce scénario se complique en juin 2013. Pendant trois semaines, plus de trois millions et demi de Turcs exigent sa démission dans la rue en lui reprochant sa main de fer et une politique de plus en plus ouvertement "islamiste". Le chef du gouvernement répond par une répression sévère et son crédit démocratique en prend un sérieux coup. Six mois plus tard, il est rattrapé par un scandale de corruption qui fait trembler son régime sur ses bases. Ses rivaux l'accusent en outre d'avoir ravivé le conflit kurde à l'été 2015 pour satisfaire ses ambitions de pouvoir absolu. Ses discours enflammés et provocateurs inquiètent de plus en plus. Publiquement, Recep Tayyip Erdogan s'amuse de ceux qui le traitent de "dictateur". Mais il poursuit systématiquement devant la justice tous ceux qui le contestent. Washington exprime son soutien à Ankara, le monde s'inquiète Les Etats-Unis ont invité les Turcs hier à soutenir leur président, Recep Tayyip Erdogan, et son gouvernement après une tentative de coup d'Etat militaire qui suscite l'inquiétude dans le monde entier. Le président américain, Barack Obama, et le secrétaire d'Etat, John Kerry, considèrent "que toutes les parties en Turquie doivent soutenir le gouvernement démocratiquement élu, faire preuve de retenue, éviter la violence et les effusions de sang", dit la Maison Blanche dans un communiqué. A Berlin, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffan Seibert, a déclaré que "l'ordre démocratique d(evai)t être respecté" et que tout devait "être fait pour protéger les vies humaines". A Paris, le ministère des Affaires étrangères a appelé "à éviter toute violence et à respecter l'ordre démocratique". Donald Tusk, président du Conseil européen, et Federica Mogherini, porte-parole de la diplomatie européenne, qui se trouvent en Mongolie pour un sommet du dialogue Europe-Asie, ont réclamé le respect de l'ordre constitutionnel. "La Turquie est un partenaire clé pour l'Union européenne. L'UE soutient pleinement le gouvernement élu, les institutions du pays et l'état de droit", a déclaré Donald Tusk. "La stabilité, la démocratie et la sécurité sont des priorités pour le peuple turc", a dit quant à lui Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne, sur Twitter. La Chine a souhaité le rétablissement de l'ordre et de la stabilité au plus vite, par la voix de son ministère des Affaires étrangères. Moscou et Tokyo ont également exprimé leur inquiétude par les voix de Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, et du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, qui a dit "espérer que la situation se normalisera rapidement et que la paix et l'ordre seront restaurés". Boris Johnson, nouveau chef de la diplomatie britannique, s'est lui aussi dit "très inquiet" pour la Turquie, où des milliers de Britanniques et d'autres Européens passent leurs vacances. En Syrie, en revanche, des centaines de partisans de Bachar al Assad, dont Erdogan est l'un des plus virulents détracteurs, sont descendus dans les rues pour célébrer la tentative de coup d'Etat et des tirs de joie ont retenti à Damas. Le dernier bilan provisoire de cette tentative fait état de 161 tués et 1.440 blessés parmi les forces loyalistes et les civils. Au moins 104 putschistes ont été tués, selon les déclarations du chef d'état-major par intérim, Askeri Darbe Onlendi. Mais ce chiffre est provisoire. Le Premier ministre, Binali Yildirim, a annoncé l'arrestation de 2.839 militaires en relation avec la tentative de ce coup de force. Le Parlement turc s'est réuni en session extraordinaire ce samedi matin. Une réunion, dont l'issue ne fait toutefois pas beaucoup de doute selon les observateurs. "Il n'y a rien à attendre de cette rencontre. Tous les partis vont opter pour l'union nationale derrière Erdogan dans le but de maintenir la démocratie", analyse Dorothée Schmid, spécialiste de la Turquie à l'Institut français des relations internationales (Ifri). "Tous les partis ont condamné le putsch, après les événements sanglants survenus cette nuit", explique également Alican Tayla, enseignant en relations internationales à l'Université Paris 13 et présent à Istanbul la nuit dernière. Une purge importante au sein des militaires En parallèle, une purge importante a lieu dans l'armée. Les autorités turques ont arrêté 1.563 membres des forces armées, a indiqué ce samedi matin un responsable turc. Le général Ümit Dündar, chef de l'armée turque par intérim, a par ailleurs annoncé que 104 putschistes avaient été abattus. "Les arrestations dans l'armée se poursuivent. La purge des gülenistes (les partisans de Fethullah Gülen, opposant au président Erdogan) est d'ailleurs presque finie. Un grand nettoyage avait déjà eu lieu en 2013 dans la police et les services turcs", explique Dorothée Schmid. Lors de sa conférence de presse donnée la nuit dernière, le président Erdogan avait d'ailleurs affirmé vouloir "nettoyer l'armée". La situation reste tendue "La situation pourrait bien profiter à Erdogan et à son gouvernement », poursuit Alican Tayla. « On s'attend à une restriction des libertés encore plus importante, comme le rétablissement de la peine de mort ou la prolongation de l'état d'urgence." Dans ce contexte explosif, les partisans du PKK, le parti pro-kurde, ne se sont pas positionnés. "Ils font profil bas. C'est un moyen de se protéger. Ils craignent que l'immunité de leurs parlementaires soit menacée", souligne Dorothée Schmid. En Turquie, la situation reste tendue. "On a le coup d'Etat d'un côté et un renforcement d'un régime conservateur de l'autre côté", résume Alican Tayla. Erdogan règne depuis 13 ans sans partage sur la Turquie . Depuis trois ans, il est devenu la figure la plus critiquée de Turquie, dénoncé pour sa dérive autocratique et islamiste. Sa hantise des réseaux sociaux et de la presse indépendante renforce l'inquiétude de ceux qui, comme le chef de l'opposition Kemal Kiliçdaroglu, l'accusent de vouloir "rétablir le sultanat". Luxueux, gigantesque et extravagant, le palais de 500 millions d'euros dans lequel il a emménagé il y a deux ans est devenu le symbole de sa "folie des grandeurs". Réélu en 2007 puis en 2011, avec près de 50 % des voix, il se prend alors à rêver de rester au pouvoir jusqu'en 2023 pour célébrer le centenaire de la République turque. Mais ce scénario se complique en juin 2013. Pendant trois semaines, plus de trois millions et demi de Turcs exigent sa démission dans la rue en lui reprochant sa main de fer et une politique de plus en plus ouvertement "islamiste". Le chef du gouvernement répond par une répression sévère et son crédit démocratique en prend un sérieux coup. Six mois plus tard, il est rattrapé par un scandale de corruption qui fait trembler son régime sur ses bases. Ses rivaux l'accusent en outre d'avoir ravivé le conflit kurde à l'été 2015 pour satisfaire ses ambitions de pouvoir absolu. Ses discours enflammés et provocateurs inquiètent de plus en plus. Publiquement, Recep Tayyip Erdogan s'amuse de ceux qui le traitent de "dictateur". Mais il poursuit systématiquement devant la justice tous ceux qui le contestent. Washington exprime son soutien à Ankara, le monde s'inquiète Les Etats-Unis ont invité les Turcs hier à soutenir leur président, Recep Tayyip Erdogan, et son gouvernement après une tentative de coup d'Etat militaire qui suscite l'inquiétude dans le monde entier. Le président américain, Barack Obama, et le secrétaire d'Etat, John Kerry, considèrent "que toutes les parties en Turquie doivent soutenir le gouvernement démocratiquement élu, faire preuve de retenue, éviter la violence et les effusions de sang", dit la Maison Blanche dans un communiqué. A Berlin, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffan Seibert, a déclaré que "l'ordre démocratique d(evai)t être respecté" et que tout devait "être fait pour protéger les vies humaines". A Paris, le ministère des Affaires étrangères a appelé "à éviter toute violence et à respecter l'ordre démocratique". Donald Tusk, président du Conseil européen, et Federica Mogherini, porte-parole de la diplomatie européenne, qui se trouvent en Mongolie pour un sommet du dialogue Europe-Asie, ont réclamé le respect de l'ordre constitutionnel. "La Turquie est un partenaire clé pour l'Union européenne. L'UE soutient pleinement le gouvernement élu, les institutions du pays et l'état de droit", a déclaré Donald Tusk. "La stabilité, la démocratie et la sécurité sont des priorités pour le peuple turc", a dit quant à lui Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne, sur Twitter. La Chine a souhaité le rétablissement de l'ordre et de la stabilité au plus vite, par la voix de son ministère des Affaires étrangères. Moscou et Tokyo ont également exprimé leur inquiétude par les voix de Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, et du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, qui a dit "espérer que la situation se normalisera rapidement et que la paix et l'ordre seront restaurés". Boris Johnson, nouveau chef de la diplomatie britannique, s'est lui aussi dit "très inquiet" pour la Turquie, où des milliers de Britanniques et d'autres Européens passent leurs vacances. En Syrie, en revanche, des centaines de partisans de Bachar al Assad, dont Erdogan est l'un des plus virulents détracteurs, sont descendus dans les rues pour célébrer la tentative de coup d'Etat et des tirs de joie ont retenti à Damas.