Un été au cinoche. Non plus comme c'était dans le temps, dans les grandes villes du pays, comme Alger qui se targuait de laisser grandes ouvertes les portes de ses salles obscures, et toute l'année s'il vous plaît, en invitant à des chefs-d'œuvre dont il ne reste, certes, que de lointains souvenirs. Et l'été y compris à la fraîcheur recherchée, trouvée dans la pénombre des salles fétiches de l'Algérois, pour suivre le cycle de films d'auteur ou des rétrospectives de tel ou tel acteur dont la Cinémathèque et El Mougar se disputaient le programme. Une concurrence loyale au service du grand public cinéphile qui fut. Et à qui avait la primeur dans la fidélisation de ces consommateurs potentiels de 7e art, mondial... Aujourd'hui, et cet été, les grands centres urbains gardent les portes des cinémas closes. A moins d'y programmer de la violence et de la violence... Car le grand écran est ailleurs. Il affiche de la production nationale, oui, oui, nationale ! Et tout le long de la côte, d'est en ouest. Des villes balnéaires ont été choisies pour animer les soirées des estivants en les abreuvant d'images et d'onces de culture, pour des vacances utiles et agréables, rattraper un tant soit peu le bronzer bête de la journée. Bejaïa, Aïn Témouchent, El Tarf, Annaba, Tlemcen... reçoivent chaque soir leur lot de films déjà vus pour certains et à découvrir pour d'autres. Des projections qui rassemblent en plein air, sur des écrans improvisés et mobiles, les vacanciers pour une bonne partie de la soirée autour d'un sujet qui donne à rire, à se divertir autrement que devant une glace ou une soirée musicale à décibels déployés... Des familles témoignent en faveur de cette initiative, contentes que l'on pense enfin à elles en leur offrant un bon prétexte pour mieux apprécier leur séjour dans leur pays. Les images diffusées lors des journaux télévisés de la Télévision nationale rapportent des témoignages in vivo d'estivants transformés en véritables cinéphiles le soir. En famille, entre copains, des plus vieux aux plus jeunes partagent des instants cinoches singuliers qui par là même font aussi le bonheur des organisateurs qui révèlent que cette initiative a été tentée il y a quelques années timidement pour s'élargir à toute la saison estivale et à un plus grand nombre de villes. Alors si vous n'allez pas au cinéma, voilà le cinéma qui vient à vous. Et qui de plus est un baume pour le cinéma national qui se fait apprécier en dehors des sitcoms et autres feuilletons à l'égyptienne que les réalisateurs se disputent sur le petit écran chaque Ramadan.