Chaïma, Anès, Abderahim, Yasser, Soundous, Nihel, Badr Eddine et bien d'autres... Ce sont autant de prénoms d'enfants victimes de kidnappings en série : un phénomène national qui a pris de l'ampleur depuis plusieurs années maintenant. Le kidnapping d'enfants aura touché les quatre coins du pays. Yousfi Chaïma, 8 ans, a été enlevée puis assassinée en 2012 à Mahelma (Zéralda), Anès Mahfoud Berjem, 5 ans, en 2015 à Chelghoum-Laïd (Mila), alors que le sort des autres petits, Badr Eddine, 13 ans, disparu il y a trois mois à Aïn Bessam (Bouira), et Nihal Si Mohand, fillette de 4 ans, disparue depuis une douzaine de jours à Aït Toudert (Tizi Ouzou), n'est toujours pas connu à l'heure où nous mettons sous presse. Le phénomène est tellement inquiétant qu'il mobilise de plus en plus de citoyens, associations, services de sécurité et médias. Grâce à cette mobilisation, certains cas, et au grand bonheur des familles des victimes, ont connu un dénouement heureux. Mais, hélas, les fins tragiques sont plus nombreuses et le phénomène est encore loin d'être freiné. Selon les chiffres officiels, les cas de kidnapping d'enfants se comptent par plusieurs dizaines ces dernières années. Les motivations des ravisseurs sont aussi multiples que perverses. La démission parentale, les conflits conjugaux, suivis de divorce et les questions d'héritage sont autant de facteurs saillants qui font de l'enfant "un otage précieux" pour les ravisseurs. Beaucoup de victimes, faut-il le rappeler, ont été enlevées par des proches, soit pour se venger, soit pour enchanter les parents. Mais pas seulement. Les enfants d'hommes d'affaires et autres parents aisés constituent aussi la cible privilégiée de certains gangs spécialisés. En effet, dans plusieurs enlèvements d'enfants, les ravisseurs ont exigé le paiement de rançons contre leur libération. Le trafic d'organes constituerait également l'autre leitmotiv des ravisseurs d'enfants. Il y aurait même des réseaux spécialisés qui se seraient constitués. Par ailleurs, les enlèvements dont sont victimes les enfants sont souvent suivis de viols sexuels. Ce qui fait dire aux spécialistes que le phénomène de la pédophilie est l'autre cause qui pousse bien des pervers à recourir à l'enlèvement d'enfants pour abuser d'eux. La situation économique des classes défavorisées n'y est pas pour rien dans les drames qui affectent la société algérienne. Cela, sans parler des séquelles des années sombres du terrorisme ayant endeuillé le pays plus d'une décennie durant. Aujourd'hui, le phénomène d'enlèvement d'enfants interpelle et l'Etat et la société. En effet, le phénomène prend une ampleur telle que d'une part, l'action préventive doit être prise très au sérieux, et d'autre part, l'Etat est plus que jamais appelé à renforcer le dispositif législatif devant garantir le droit des enfants à la sécurité et à la protection. Farid Abdeladim