Depuis quelque temps, la capitale se drape, surtout dans les quartiers du centre, d'une blancheur qui donne tout son éclat à la ville, des couleurs qu'elle a égarées au fil des années et du laisser-aller quasi général des pouvoirs publics et aussi de sa population. Le temps et le manque d'entretien ont donc amoché les édifices, les rues et les placettes publiques. Ces derniers ont été enlaidis par la négligence et le manque d'intérêt aux biens publics. Même l'air devenait par endroit et par moment irrespirable. La cité entame son lifting, redistribue son espace urbain et distille ou sème une nouvelle façon de vivre. Pour dire qu'Alger se réveille et se drape de meilleurs atours, afin de surprendre d'abord ses habitants et ensuite les visiteurs d'ici et d'ailleurs... Les travaux de restauration et d'embellissement montrent une réelle prise de conscience certes un peu tardive, mais toujours bienvenue pour sauvegarder notre bâti, notre patrimoine et notre culture. Alger fut depuis les temps immémoriaux une ville-phare de la Méditerranée qui a tellement brillé qu'elle a suscité des envies et nourri des jalousies, au point que des puissances de cette époque lui ont livré des guerres. El Djazaïr, Dzaïr El Mahroussa dont le nom viendrait des îles et îlots perlés sur son littoral, un rempart naturel contre des armadas d'envahisseurs. On dit aussi qu'elle est protégée par les ancêtres et les saints hommes qu'elle a adoptés et dont les traditions et les œuvres sont toujours vénérées. Alors après ce passé prestigieux fait d'ambitions et de défis, Alger est en droit de revendiquer la place, le rang qui lui sied, celui d'une mégalopole pour la Méditerranée, pour l'Afrique et le monde. A vue d'œil, Alger s'étire en long et en large à telle enseigne que l'on ne sait plus où elle s'arrête. Elle prend donc de l'espace et du volume souvent d'une manière anarchique. Est-ce le résultat d'un développement rapide et d'une extension non maîtrisée ou le produit de l'esprit de l'habitat précaire et inachevé qui a prévalu ? En tout état de cause, les pouvoirs publics ne cessent d'appeler à l'achèvement des constructions et à leur mise en conformité avec les règles urbanistiques et les plans d'occupation des sols, et aussi à y mettre un peu de beauté. Le dernier rappel remonte à quelques jours. Par ailleurs, à Rio de Janeiro, l'une des plus belles villes du monde, là où se déroulent actuellement les jeux Olympiques 2016, il y a quasiment côte à côte de l'architecture classique, des gratte-ciel et des favelas, ces modestes bâtisses inachevées. Aujourd'hui à Alger, l'optimisme est de mise, le renouveau est visible. Il y a certes quelques déconvenues, quelques problèmes de circulation et mais également beaucoup d'ambition pour l'avenir, pour devenir une destination recherchée.