Reflet d'une thématique riche et variée, quelque trente-cinq tableaux de l'artiste peintre sont exposés depuis samedi à la galerie Aïcha-Haddad, à l'initiative de l'établissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger. La peinture est loin d'être l'apanage d'une « certaine » élite artistique. Quoi qu'on en dise dans les cénacles fermés. Nombreux sont les artistes peintres issus des milieux populaires à avoir marqué de leur pinceau l'âge d'or de l'art plastique algérien, M'hamed Issiakhem, en premier. Parmi eux figure aussi le plasticien Omar Kara. Le « Bozariste » pur jus expose, depuis samedi dernier, une trentaine de ses œuvres à la galerie Aïcha-Haddad. Le vernissage s'est décliné à travers une thématique variée mais qu'on peut aisément résumer en un seul mot, d'ailleurs très cher à l'artiste : le peuple. Non pas le peuple de prolétaires tel que fantasmé par Marx ou Lénine, mais la société algérienne riche par sa culture, profonde par son identité, meurtrie par les affres de l'histoire, tourmentée par le marasme de la vie, une société qui résiste avec force et dignité... qu'il entend mettre en scène. « Je vis parmi le peuple qui demeure ma première source d'inspiration. Je me frotte quotidiennement aux plus démunis, je partage leurs souffrances. C'est comme ça que je sens naître en moi une énergie esthétique que j'essaie de traduire avec force dans mes tableaux » , affirme l'artiste. En effet, toute la collection porte les stigmates d'un auteur qui a mal aux siens. L'artiste souffre du malheur des autres. Mais il tient à dire son « mot » esthétique. Les « maux » défilent à mesure que s'exhibent des tableaux d'une d'extrême sensibilité. De force aussi. « El Harga » est une aquarelle pour dénoncer ces milliers de harragas qui, au péril de leur vie, s'embarquent vers l'inconnu, en défiant la haute mer. « El Herba » est une toile toute aussi poignante évoquant l'exode rural et l'abandon de la terre... Cette terre justement qu'il peint avec autant de beauté que d'éclat. Il consacre une œuvre, « Errif », pour dire son amour de la campagne et du monde rural. Plus loin encore, il s'enfonce avec « Le sourire d'un Moudjahid » dans l'histoire de cette terre si noble par sa résistance au colonialisme. Les femmes dont le combat contre l'ordre colonial n'est plus à présenter, sont aussi au cœur d'un travail d'une haute qualité esthétique. Plusieurs œuvres leur y sont consacrées. Celui réservé à sa défunte mère, décédée depuis deux ans, est tout simplement un chef-d'œuvre. « Grâce au soutien de ma mère, j'ai réussi à surmonter les pires épreuves de ma vie. C'est à elle que je dois ma carrière dans le monde de l'art et toutes les œuvres lui sont dédiées. Même à cent millions de dinars, je ne céderais pas le tableau La Mama que je le lui ai consacré », confie-t-il, non sans reconnaître aux siens, à sa femme notamment, un rôle dans son cursus artistique parsemé de succès. Il a déjà participé dans une dizaine d'expos collectives et individuelles. Il a pris part aussi à l'élaboration de deux beaux livres en collaboration avec Aziz Fares, et le professeur Hadja. Omar Kara se prépare déjà à animer une autre exposition dans une galerie d'art à la ville d'El Djamila (ex-la Madrague).