Photo : Fouad S. La marche à laquelle a appelé une aile de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd) menée par le RCD, à Alger, n'a pas eu lieu. La place des Martyrs où devait s'ébranler la marche vers la place du 1er Mai, a été investie tôt dans la matinée d'hier par un impressionnant dispositif de sécurité. Peu avant le coup d'envoi de la manifestation prévue à 11h00, les accès menant à l'endroit ont été bouclés : les automobilistes invités par des policiers à faire demi-tour et les piétons sommés de presser le pas pour éviter tout attroupement de personnes sur les lieux. Les éléments de sécurité, en uniforme du maintien de l'ordre (casques, boucliers, gourdins et protèges pieds), ont été fortement déployés sur les lieux du rendez-vous. Dès 09h00 du matin, les premiers manifestants, organisés en petits groupes, tentaient de se regrouper à une cinquantaine de mètres de la place des Martyrs, précisément à la rue de Bab Ezzoun, pour accéder au point départ de la marche. D'autres groupuscules faisaient de même du côté du boulevard Che Guevara, jouxtant l'endroit. Des altercations commencent, ainsi, à s'éclater avec les forces de l'ordre qui formaient un cordon de sécurité empêchant tout débordement de la foule sur la voie publique. Les manifestants, appartenant en majorité au parti du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), et autres militants des droits de l'homme, ont été, en effet, dispersés par les policiers. Ali Yahia Abdenour, vieux militant des droits de l'homme, des députés du Rassemblement et quelques membres restants de la Coordination ont été visibles parmi les manifestants dont le nombre ne dépasse pas, cette fois-ci, les 200 personnes. Une faible mobilisation a été enregistrée et bon nombre d'observateurs l'expliquent par la scission née ces derniers temps au sein même de la Coordination initiatrice de la marche. Le président du RCD, Saïd Sadi, qui participait à la manifestation, a tenté, à deux reprises, de prendre la parole à partir du toit d'un véhicule de la police avant que les forces de l'ordre n'interviennent pour le faire descendre. Devant l'insistance du Dr Sadi, un cordon de sécurité a été vite formé autour du groupe pour le séparer du reste des manifestants. « Masira Silmiya (marche pacifique), « Algérie libre », « Oui pour le changement et la démocratie » ou encore « Justice sociale » sont autant de slogans répétés par les manifestants. Comme lors des manifestations précédentes, des agents de la protection civile ont été également déployés pour la circonstance. Pris d'un malaise au milieu de la foule, le député du RCD, M. Khendak, a été évacué vers l'hôpital. L'autre député du parti du Dr Said, Tahar Besbes, blessé lors de la manifestation de samedi 19 février dernier, a pris part à la manifestation d'hier. Celui-ci était, en effet, visible appuyé par des béquilles et minerve autour du cou. A quelques encablures de la place des Martyrs, un autre groupe de jeunes est venu des quartiers environnants pour manifester sa désapprobation à cette marche, scandant des slogans favorables au chef de l'Etat. « Nous sommes avec Bouteflika », « Bouteflika n'est pas Gueddafi ou Ben Ali » ou « l'Algérie n'est pas l'Egypte », sont entre autres slogans affichés. La promptitude des agents de la police nationale a permis d'éviter tout affrontement entre les deux camps et hormis quelques jets de pierres, aucun incident majeur n'a été signalé. Il sied de citer - au sujet de l'autorisation ou pas de cette marche après la levée de l'état d'urgence - que le ministre de l'Intérieur avait indiqué qu'aucune demande de marche à Alger pour la journée d'hier n'a été déposée au niveau des services concernés.