L'Algérie commémore, en ce 20 août, l'anniversaire de l'offensive du Nord-Constantinois en 1955 et la tenue du Congrès de la Soummam l'année suivante, en 1956. Deux événements qui ont marqué de nature différente le cours de la Révolution pour l'indépendance du pays. Le premier marque la détermination militaire de ceux qui ont pris les armes pour libérer le pays du joug colonial, le second est d'ordre organisationnel de portée militaire, politique et diplomatique. L'un et l'autre se rejoignent dans la consécration d'un idéal : celui de s'affranchir d'un système colonial asservissant. Et de se projeter dans la construction d'un Etat indépendant doté de tous les attributs de souveraineté. Ils ont été mûrement réfléchis par des hommes engagés, convaincus que face à l'humiliation coloniale, seul le courage de la résistance est à même de faire entendre raison aux occupants. L'objectif est atteint. Dans la douleur, certes, mais la conquête est digne des sacrifices. C'est pourquoi, commémorer ce type de date qui est une référence dans l'histoire contemporaine de l'Algérie, ne peut pas se banaliser. Ne peut se confiner à quelques procédés protocolaires de circonstance. Le moment doit être celui de ressourcement pour les générations post-indépendance aux valeurs de dignité, de justice et de liberté. Celui de se remémorer qu'il n'est pas fatal de subir un quelconque ordre établi fondé sur l'arbitraire et le déni de droit. D'aucuns auront été sceptiques au déclenchement de la guerre de Libération le 1er novembre 1954 quant à la capacité du peuple algérien, éprouvé par 132 années de domination qui l'ont relégué au rang de l'indigénat, à se défaire du système colonial. Pourtant, ce fut fait grâce à un long processus de maturation politique porté à bras le corps par de grands militants de la cause nationale autour desquels se sont agrégés les partis politiques et les masses populaires. C'est dans un contexte de tension extrême marquée par une répression implacable que s'est tenu le Congrès de la Soummam, à Ifri Ouzellaguen, sur le versant sud du Djurdjura en dépit d'un quadrillage militaire dissuasif qui a pris en tenaille la Kabylie. D'ailleurs, la rencontre devait se tenir ailleurs mais l'organisation mise en place par le colonel Amirouche, alors chef de zone, a convaincu les dirigeants de la Révolution d'y tenir les assises. Abane Ramdane, Zighoud Youcef, Larbi Ben M'hidi et Krim Belkacem, pour ne citer que les responsables de renom, ont alors conféré à la révolution en marche, un autre tempo, une tournure plus à même de consolider l'appel du 1er Novembre. Le Congrès de la Soummam a doté le mouvement indépendantiste d'une plateforme où sont consignés les principes organisationnels, politiques et militaires de la Révolution. La réaffirmation de l'objectif de l'indépendance s'est accompagnée d'une réelle aspiration démocratique pour le futur de l'Algérie. Même dans le feu du combat, les organisateurs du Congrès ont nourri le souci de la représentativité la plus large du peuple et du territoire. Abane Ramdane, avant de s'impliquer de façon déterminante dans la réussite de ce regroupement révolutionnaire d'importance stratégique, s'est employé auparavant à fédérer les courants politiques derrière la bannière du FLN, en tant qu'étendard d'un peuple en lutte, uni dans la conviction d'un combat légitime et digne. La Plateforme de la Soummam, paraphée le 20 août 1956, qui sanctionnera les travaux, est considérée comme une feuille de route, un socle idéologique qui conférera à la lutte un nouveau souffle politique, une nouvelle stature organisationnelle et une nouvelle dynamique opérationnelle. Le secret de la réussite est là.