Une reconnaissance éternelle aux dignes enfants de la patrie, qui, animés par un idéal, une détermination à toute épreuve et un sens du sacrifice inégalé, avaient pu triompher d'une grande puissance militaire. Le 20 août 1955, soit moins d'une année depuis le déclenchement de la Révolution et alors que les forces armées coloniales, avec toute leur puissance de feu, leur armada répressive et leurs relais propagandistes ne mesuraient pas à sa vraie valeur le bouleversement opérant. Le Nord-Constantinois se souleva tel un seul homme pour infliger une cuisante défaite aux envahisseurs. Cet évènement historique, préparé et organisé par les troupes de l'ALN de la zone du Nord-Constantinois, future wilaya II historique, s'est déroulé sous le commandement du chahid Zighoud Youcef, qui, par cette action, obligea l'armée française à desserrer l'étau sur les maquis. Forte de cet exploit, la révolution s'engagea irréversiblement dans le chemin menant à l'indépendance. Des premières cellules novembristes naîtra une mobilisation populaire qui porta à bras le corps les djounoud de l'ALN et les militants du FLN. Cette adhésion populaire à la Révolution a été consignée dans la plateforme sanctionnant les travaux du Congrès de la Soummam. Les chefs de la Révolution ont qualifié cet élan de « miracle algérien ». En effet, dans le chapitre intitulé « la situation politique actuelle », ils sérient les raisons essentielles de ce miracle de l'histoire moderne, dont notamment la tenue « en échec de la force colossale de l'armée colonialiste française, renforcée par les divisions atomiques prélevées sur les forces de l'Otan » et « les réserves humaines de l'ALN sont inépuisables. Elle est souvent obligée de refuser l'enrôlement d'Algériens jeunes et vieux, des villes et campagnes, impatients de mériter l'honneur d'être soldats de leur Armée ». Ainsi, à peine 22 mois après son déclenchement, la Révolution marque l'histoire d'une pierre blanche. Le 20 août 1956, soit une année après l'offensive du Nord-Constantinois, un congrès regroupa les responsables de l'ALN-FLN à Ifri Ouzellaguen. Etape charnière de la révolution, ce rendez-vous organique fut couronné d'une plateforme, considérée comme l'un des textes fondateurs de l'Algérie indépendante. Véritable feuille de route pour la continuité du combat libérateur, elle est aussi une charte préfigurant les principes et les idéaux fondateurs de l'Algérie indépendante. Des valeurs objectant foncièrement le colonialisme quelle qu'en soit sa forme et œuvrant pour un humanisme sans aucune distinction d'appartenance. Le génie des chefs révolutionnaires s'exprima à travers cette plateforme sous toutes ses facettes. Les décisions prises lors de ce conclave donnèrent à la révolution un cadre structurel qui s'avéra efficace pour la continuité du combat. La réorganisation des troupes de l'ALN afin de les adapter aux exigences de l'heure et aux défis futurs, la mise en place d'un organe délibératif suprême (CNRA) et d'un comité de coordination et d'exécution (CCE), le déploiement des démembrements du FLN afin de couvrir l'ensemble du territoire national avec une administration prenant en charge la gestion des affaires civiles, impliquer davantage les différentes franges de la population représentées par des organisations de masse acquises à la cause de l'indépendance, renforcer le rôle de l'immigration, en France notamment pour affaiblir le colonialisme à sa racine, tels sont entre autres les fruits du Congrès de la Soummam, dont les résolutions ont clairement défini les conditions d'une négociation d'un cessez-le-feu. Il est en effet explicitement écrit dans sa plateforme que pour lancer des pourparlers de paix, il faut que l'ennemi reconnaisse « la nation algérienne indivisible, l'indépendance de l'Algérie et sa souveraineté dans tous les domaines, jusque et y compris la défense nationale et la diplomatie, la libération de tous les Algériens et Algériennes emprisonnés, internés ou exilés en raison de leur activité patriotique avant et après l'insurrection nationale du 1er novembre 1954 et la reconnaissance du FLN comme une seule organisation représentant le peuple algérien et seule habilitée en vue de toute négociation ». Cinq ans plus tard, la France fut contrainte à négocier un cessez-le-feu comme l'exigeait le texte de la Soummam. Ainsi, et comme le prévoyaient les chefs de la Révolution dans la plateforme de la Soummam, « la date humiliante du 5 juillet 1830 sera effacée avec la disparition de l'odieux régime colonial ». Et en lieu et place, le 5 juillet 1962 marqua la naissance de l'Etat algérien.