La chancelière allemande, Angela Merkel, veut que l'Union européenne (UE) passe avec les pays nord-africains des accords de réadmission de migrants similaires au pacte controversé conclu avec la Turquie. « Nous allons devoir conclure des accords semblables avec d'autres pays, grosso modo en Afrique du Nord, pour mieux maîtriser les routes migratoires dans le centre de la Méditerranée », a déclaré la dirigeante allemande, hier à Berlin, au Passauer Neue Presse, le journal local de Passau, petite ville de Bavière, et au Ruhr Nachrichten, journal local à Dortmund. « De tels accords sont aussi dans l'intérêt des gens qui fuient », estime Mme Merkel, sans donner plus de précision sur les pays concernés. La chancelière allemande faisait allusion à l'accord avec la Turquie qui prévoit que le pays reprenne les migrants rejoignant illégalement la Grèce. En contrepartie, l'UE doit verser trois milliards d'euros pour aider Ankara à améliorer l'accueil des réfugiés, avec la possibilité d'une aide ultérieure du même montant. L'UE s'est aussi engagée, pour chaque Syrien renvoyé, à en « réinstaller » un autre depuis la Turquie. Défendant une nouvelle fois cet accord dont elle a été l'un des principaux artisans, elle a appelé à « travailler » pour qu'il reste en vigueur, malgré les tensions turco-européennes et le blocage sur l'exemption de visas pour les citoyens turcs.-Mme Merkel a aussi déploré, lors de cette rencontre avec la presse allemande, la lenteur des Européens à se répartir les 45.000 migrants coincés à la frontière gréco-macédonienne, dont seuls 3.000 ont été accueillis par d'autres Etats membres. Interrogée sur sa décision historique, dans la nuit du 4 au 5 septembre 2015, de laisser entrer en Allemagne des dizaines de milliers de migrants bloqués en Hongrie, elle a estimé qu'un tel choix « s'imposait ». « C'était notre devoir humanitaire de les aider et de les prendre en charge », a-t-elle affirmé, martelant son credo sur l'intégration de 1,1 million de personnes arrivées l'an dernier en Allemagne. « Je reste convaincue que nous y arriverons », a-t-elle soutenu. Après les événements du Nouvel An à Cologne (ouest) et les attentats de juillet dernier dans le sud du pays commis par des migrants, « la question de la sécurité intérieure est naturellement devenue une préoccupation centrale », a-t-elle toutefois reconnu. Mais elle a jugé que le gouvernement « avait déjà beaucoup fait » et qu'il « ferait plus » en améliorant les moyens de surveillance par internet, la coopération avec les services de renseignement étrangers et la vidéosurveillance.