Les hommes de lettres ne brillent pas seulement aux yeux de leurs lecteurs. Ou dans les notes des critiques auxquelles ils accordent, il est vrai, un intérêt particulier. Encore moins sur les réseaux sociaux où les débats n'ont pas l'épaisseur qu'ils souhaitent. Par contre, leurs yeux sont constamment rivés sur les manifestations célébrant le livre. Les grands salons notamment. Que ce soit ici en Algérie ou ailleurs. C'est là qu'ils cherchent à s'attirer, et les foules et les médias. Nombrilisme ou pas, en tout cas, la rivalité est de rigueur et gare à celui qui y passe en sourdine. Alors que la Salon international du livre d'Alger pointe à l'horizon, poètes, romanciers, nouvellistes, essayistes mettent les bouchées doubles pour s'assurer une place au soleil éditorial. A presque deux mois de ce grand évènement, certains ont déjà investi la scène en présentant au public leur dernière œuvre. Des vieux briscards aux jeunes loups, on y voit une profusion littéraire qui prend petit à petit forme. Dans la littérature arabophone, c'est presque la ruée. De grosses signatures sillonnent, depuis quelques semaines, les librairies du pays et occupent les tribunes médiatiques et les forums. A l'image de Seddik Hadj Ahmed Ezziouani, romancier de talent, de surcroît professeur de linguistique à l'Université d'Adrar. Après le triomphe d'« El Mamlaka Ezzouounia », il revient sur le devant de la scène avec une nouvelle fiction, « Camarade, rafik el hifi oua eddiaâ » (camarade, le compagnon de l'injustice et de l'égarement) qui a suscité l'enthousiasme chez les critiques. Une grosse œuvre, en langue arabe, portant sur l'un des maux qui ronge aujourd'hui l'humanité, l'émigration clandestine, notamment dans la bande sahélienne. L'autre prose de taille : « Al Maout fi Wahran » (la mort à Oran), fraîchement publié par le grand écrivain Habib Sayeh. Auréolé du succès du « Colonel Zbarbar », il s'apprête à réinvestir l'actualité avec un récit dont on ne connaît pas encore les grandes lignes, n'étant pas encore distribué à la presse. Le prolifique jeune auteur, Samir Kacimi, n'est pas en reste dans cette « fertilité » littéraire. Aussitôt libéré du Rendez-vous avec le roman - évènement culturel monté par le ministère de la Culture mais qui a été finalement abandonné - l'auteur d'« El Halem » (le rêveur), il vient de publier sa dernière prose « Kitab El Macha » traitant de l'histoire des missions scientifiques de la colonisation et leur mainmise sur les livres d'histoire, écrits par les auteurs autochtones, sur l'Algérie et les pays de la région. Côté francophone, c'est encore une fois l'inénarrable Yasmina Khadra de plastronner sur le podium des romans à succès. Ecrivain mondialement connu et reconnu, Mohamed Mouleshoul, de son vrai nom, entend placer son dernier-né « Dieu n'habite pas La Havane », « un voyage au pays de tous les paradoxes et de tous les rêves ». De son côté, l'auteur Samir Bouzidi vient de signer son premier roman« Le printemps gris de Beni Barber » retraçant les péripéties bouleversantes de la petite Dhaouia, un bout de femme téméraire qui bouleversa la vie des Beni Barbar, un hameau niché dans les Aurès, lourdement soumis à l'héritage du conservatisme. Premier roman aussi pour la grande poétesse, Maïssa Boutiche, qui compte surprendre ses lecteurs à travers un roman qu'elle compte achever très prochainement.