L'ancien président de l'Assemblée générale des Nations unies (2004-2005) et de la Commission de l'Union africaine (2008-2012) et ancien ministre sous Bongo père, Jean Ping, ainsi qu'une vingtaine de leaders de l'opposition et de la société civile gabonaise ont été retenus jeudi matin au quartier général du candidat malheureux qui clame sa victoire et dénonce une élection frauduleuse. Ils étaient encore « séquestrés » dans les locaux, hier matin, selon Paul-Marie Gondjout, le représentant de Jean Ping à la commission électorale qui a confirmé la réélection du président sortant pour un deuxième septennat avec 49,80% des suffrages, devant Ping (48,23%), 73 ans. Cet écart marginal représente une différence de 5.594 voix, sur un total de 627.805 inscrits, dans ce pays d'à peine 1,8 million d'habitants. Le président Ali Bongo devrait sa réélection à son score écrasant dans son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46% pour plus de 99% de participation. Selon le camp de Ping, celui-ci avait une avance de plus de 60.000 voix avant les résultats officiels et contestés du Haut-Ogooué. Les tensions post-électorales qui ont fait cinq morts inquiètent la communauté internationale qui appelle à un arrêt des violences et à un nouveau comptage des votes du scrutin de samedi dernier. Ainsi, à la demande de la France, le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni à huis clos jeudi après-midi, a exprimé « sa profonde préoccupation » et a souligné l'« importance d'un processus (électoral) transparent et impartial ». Les quinze pays membres « ont appelé tous les candidats, leurs partisans, les partis politiques et les autres acteurs à rester calmes, à s'abstenir de tomber dans la violence ou d'autres provocations et à résoudre tout différend éventuel à travers les mécanismes constitutionnels et légaux établis ». Pour sa part, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est dit « vivement attristé » par les violences au Gabon et a appelé à une « vérification transparente » des résultats. Au niveau continental, le vice-président de l'Union africaine (UA), Erastus Mwencha, a signifié toute sa « tristesse » face à la « flambée de violence » que connaît le Gabon. La présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini Zuma, a assuré « suivre de près la situation au Gabon et avoir pris note des résultats préliminaires annoncés par la CENAP », tout en exprimant sa tristesse de voir « surgir la violence dans le pays, entraînant des morts, des blessés et des dégâts matériels ». Face à cette crise « profonde », la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a appelé les différentes parties « au calme ». C'est le cas également pour le porte-parole du département d'Etat américain, John Kirby, qui a déploré « l'escalade de la violence ». Par la voix de son président François Hollande, l'ancienne puissance coloniale a invité « toutes les parties à la retenue et à l'apaisement, ce qui suppose un processus garantissant la transparence sur les résultats du scrutin ».