Le 19 septembre 1958 a eu lieu l'annonce officielle de la création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), après deux conférences tenues au Caire et à Tunis. Cet acte politique important répondait à un principe prôné par le Front de libération national depuis le déclenchement de la guerre de Libération nationale en 1954. Voire bien avant. Un grand hommage a été rendu, hier, à ses secrétaires d'Etat, les défunts Omar Oussedik, Mustapha Stambouli et Lamine Khane, le seul parmi les membres du GPRA toujours vivant. La conférence, co-animée par l'historien Mohamed Lahcène Zeghidi et l'ex-ministre de l'Intérieur, Dahou Ould-Kablia, au forum d'El Moudjahid, a vu la présence de nombreux moudjahidine. La création du GPRA est l'un des principes du Mouvement national, selon le Dr Lahcène Zeghidi. La création du GPRA ne remonte pas à septembre 1958, mais elle est la conséquence des différentes étapes qu'a connues la Révolution algérienne. Le 19 septembre 1958 a vu la création du GPRA qui contribua à renforcer le sentiment national en annonçant l'existence d'un gouvernement des Algériens, représentant toutes les tendances politiques, unies pour revendiquer le droit à l'indépendance et à la liberté. Le nom du Comité de coordination et d'exécution (CCE) fut remplacé par GPRA, affirme Zeghidi, et la conférence de Tanger d'avril 1958, qui avait réuni des dirigeants marocains et tunisiens ainsi qu'une délégation du FLN, affirmera le droit à l'indépendance de l'Algérie et proclama le FLN comme seul représentant et interlocuteur officiel. Cette rencontre allait accélérer la constitution d'un gouvernement provisoire algérien. Selon lui, les 19 membres qui composaient le GPRA sont issus de l'élite nationale et furent divisés en trois groupes distincts : les leaders représentant la diplomatie algérienne à l'étranger, les ministres à l'intérieur du pays et les secrétaires d'Etat. La naissance du gouvernement provisoire, précise-t-il, a rencontré un écho dans le monde entier. Il a été reconnu par de nombreux pays. Son annonce fut une victoire, a affirmé l'historien. Pour Dahou Ould-Kablia, le GPRA est le second gouvernement algérien après celui constitué par l'Emir Abdelkader. Il consacre l'engagement ferme et la volonté du peuple de créer un gouvernement qui dirige le peuple et l'armée vers l'indépendance du pays. « Le GPRA a renouvelé les principes et les valeurs suprêmes de liberté, de justice et d'équité sociale », dira-t-il. Et d'ajouter : « La déclaration du GPRA avait non seulement une vision politique, mais aussi une portée philosophique, dont Ferhat Abbas, le Président en avait parlé. » Laïd Lachguer dira d'Omar Oussedik, secrétaire d'Etat du GPRA, qu'il « fut un héros de la résistance nationale surtout dans le combat contre l'OAS ». Mustapha Blidi, un autre témoin, dira de lui qu'il est « issu d'une famille révolutionnaire et honorable » et qu'il a « joué un rôle dans la diplomatie et la politique étrangère, notamment en Afrique ». Lamine Khane, qui était étudiant en médecine et responsable au sein de l'UGEMA (Union générale des étudiants musulmans algériens), avait lui-même rédigé la déclaration de la grève des étudiants en mai 1956, selon Zouheir Ihaddadène. Mustapha Stambouli, membre du GPRA, était peu connu. Il avait rejoint l'Etoile nord-africaine en 1937 puis le PPA et restera fidèle à Messali Hadj jusqu'à 1954, selon Ould Kablia.