« Le cessez-le-feu n'est pas mort », a martelé le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, à la sortie d'une réunion du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), rassemblant 23 pays et organisations internationales. Cette sortie pour le moins surprenante intervient dans un conteste de haute tension et une « ambiance dramatique et lourde », selon l'appréciation du chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault. Le ton est dangereusement monté entre les deux parrains de l'accord mort-né, au lendemain du raid aérien qui a visé près d'Alep le convoi humanitaire ayant fait 20 morts dont un responsable du Croissant-Rouge. Cette bavure a mis le feu aux poudres et ravivé les dissensions entre les deux puissances. Si la Maison Blanche a affirmé qu'elle tenait « le gouvernement russe pour responsable », le Kremlin, lui, crie à l'indignation et a exprimé sa colère contre les « protecteurs de terroristes et de bandits ». Une enquête a été de ce fait ouverte par l'armée russe pour lever le voile sur cette terrible tragédie. Ni l'aviation russe ni l'aviation syrienne n'a mené le raid aérien ayant frappé un convoi humanitaire, a soutenu le ministère russe de la Défense. De son côté, l'armée américaine enquête sur une frappe meurtrière de la coalition menée par les Etats-Unis, samedi dernier, près de Deir ez-Zor contre les positions de l'armée syrienne ayant fait 90 morts. Les investigations devront notamment déterminer « qui nous pensions viser... et qui nous avons en réalité frappé », a affirmé le colonel John Thomas. Au cœur des débats du sommet de l'Assemblée générale de l'Onu, la question syrienne a montré l'impuissance de la communauté internationale qui n'arrive pas à peser sur l'issue d'un conflit meurtrier et, au minimum, préserver le maigre acquis de la trêve ensanglantée. La violence a repris notamment dans la province septentrionale d'Alep visée, dans la nuit de mardi à mercredi, par des dizaines de frappes menées contre les rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Un autre raid meurtrier contre un centre médical a été lancé, provoquant la mort de 4 membres syriens d'une ONG. Au Nord, l'offensive « Bouclier de l 'Euphrate » qui a permis, selon le président turc Erdogan, de « nettoyer jusqu'à présent près de 900 kilomètres carrés du territoire (syrien) de la présence d'éléments terroristes » pour atteindre bientôt 5.000 km2 », a connu le déploiement de troupes supplémentaires pour récupérer la ville d'al-Bab des mains de Daech, a rapporté hier le quotidien Hürriyet. Retour à la case départ ? A quatre mois de son départ, le président Obama veut croire à l'efficience du « difficile travail de la diplomatie », réfutant explicitement le scénario de l'intervention militaire brandi par d'autres alliés. La diplomatie américaine est à l'œuvre pour sauver l'accord des décombres de la guerre. Dès cette semaine, le secrétaire d'Etat John Kerry et le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, vont se revoir pour tenter de relancer un processus bien fragile.