L'Algérie donne le ton à une vision stratégique qui pourrait sur le long terme énergétique faire jouer à notre pays un rôle majeur sur le continent africain. Le discours sur la fin prochaine des énergies fossiles, même s'il autorise parfois des excès au point d'avoir des intonations prophétiques, n'en est pas moins un discours constructif dans le sens où il travaille à mobiliser en vue de ce rendez-vous inéluctable, afin que la structure énergétique mondiale opère la substitution et la mue nécessaires à sa viabilisation future. Quand on parle de mobilisation, celle-ci est autant citoyenne, dont on pourrait espérer qu'elle poussera à une prise en charge réelle de cette question, qu'elle est économique, pointant l'impérieuse nécessité d'investissement hautement capitalistique que toutes les nations n'ont pas, et technologique, nous rappelant que ce que la science a réglé, à l'échelle de laboratoire en matière de sécurité nucléaire et de gestion des déchets, n'a pas encore été tout à fait résolu à l'échelle industrielle. Si les limites scientifiques sur le nucléaire sont sans cesse repoussées, celles économiques ont des effets inhibiteurs déterminants sur les centres de décisions. S'agissant de l'Algérie, son rôle dans la concrétisation d'un avenir énergétique régional s'annonce prometteur pour le continent africain, et surtout pour l'aire maghrébine qui a toutes les conditions pour mettre en commun son potentiel énergétique en investissant financièrement et politiquement sur la capacité de l'Algérie à devenir le grenier énergétique de l'Afrique et de l'Europe dans l'ère de l'après-pétrole. Mais qu'il s'agisse de nucléaire ou de solaire, il y a un transfert indispensable de technologie qui doit s'opérer, révélant-là le nœud gordien de la question, sachant que cette technologie est détenue par des pays industrialisés qui entendent ne pas renoncer à leur statut de devanciers. D'où la nécessité d'une perception stratégique qui révèle la communauté des destins en matière énergétique et qui annihile toutes les réserves financières, technologiques et politiques que chaque pays, de son côté, pourrait avoir à l'égard de l'idée et de l'Algérie. L'Union européenne ne s'est pas faite en sept jours.