Le projet de loi de finances 2017 a été approuvé, mardi dernier, par le Conseil des ministres, réuni sous la présidence du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. La réaction des experts ne s'est pas faite attendre. Qu'en pensent-ils ? Pour l'économiste Djamel Belmihoub, le gouvernement, en se basant sur un cours réel du marché, fixé cette fois à 50 dollars le baril, a décidé de budgétiser les recettes. Autrement dit, l'Etat va intégrer directement l'ensemble des recettes prévisionnelles et d'en finir avec le « fameux » principe d'un prix de référence du pétrole comme base au budget de l'Etat. Pour sa part, M'hamed Hamidouche a jugé « très raisonnable » de tabler sur un baril de pétrole de 50 dollars. Il a justifié qu'à ce niveau, « on peut réduire » le déficit budgétaire qui a atteint 25 milliards de dollars, cette année, et protéger le pays d'une éventuelle faillite. Toutefois, les deux experts ont soutenu que l'Etat aurait pu aller plus loin en termes de mesures. Belmihoub a regretté que plusieurs « niches » n'y aient pas été exploitées : impôt sur la fortune, impôt sur le patrimoine, impôt sur le foncier. Selon lui, la nouveauté consiste en le budget d'équipement qui a été amputé de 300 milliards de dinars pour l'année 2017 et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), dont le taux sera relevé de 2 points de pourcentage. Il passera de 17 à 19%. Sinon, notre interlocuteur n'y voit aucun plafonnement des dépenses. « Je ne trouve pas de plafonnement dans cette nouvelle loi. Il est vrai que le budget d'équipement a été diminué de 300 milliards de dinars (2017), mais le budget du fonctionnement est toujours intact », a-t-il noté. Belmihoub a qualifié d'« énorme » le montant alloué aux transferts sociaux qui est de l'ordre de 1.630,8 milliards de dinars. Selon lui, le « gouvernement est resté sur la même logique », a-t-il constaté. Et de s'interroger si les capacités financières de l'Etat peuvent encore soutenir les dépenses liées aux subventions. Sur le même sujet, Hamidouche a trouvé très « conséquent » ce montant alloué aux transferts sociaux essentiellement destinés au soutien aux familles, notamment à travers la subvention des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huiles alimentaires), au soutien à la santé et aux programmes nationaux de logements. Selon lui, cela démontre que la politique sociale prime toujours. Pourtant, il a soutenu qu'« on pouvait » faire mieux. Comment ? En « appliquant une politique de ciblage », a-t-il répondu, déplorant que le gouvernement n'arrive toujours pas à franchir le pas. Sur ce sujet, Mebtoul, expert international, prévient : « A l'avenir, si le cours se maintient entre 45 et 55 dollars, cette généralisation des subventions sera intenable financièrement. » C'est pourquoi, il a insisté sur l'application d'une politique de ciblage pour les plus démunis et les secteurs que le gouvernement veut encourager transitoirement. Mebtoul s'interroge : « Faut-il interpréter cette loi de finances avec toutes les précautions pour éviter des surprises ? » Il répond : « Il ne faut plus se faire d'illusions, un cours de pétrole entre 80 et 100 dollars est improbable rendant urgent, pour l'Algérie si elle veut éviter sa marginalisation, l'émergence d'une économe diversifiée dans le cadre de la mondialisation.