Les prélèvements du Fonds de régulation des recettes (FRR) ont doublé en 2011, atteignant les 1761,4 milliards de dinars, a annoncé le ministère des Finances. Ils s'élevaient à 791,9 milliards de dinars en 2010. Le déficit budgétaire qui s'élevait, en 2011, à 2255,8 mds de dinars, soit 15,4% du PIB, a accru la valeur des avoirs puisés dans le FRR. Pourtant, depuis 2010, ce Fonds, qui a pour fonction de gérer les excédents budgétaires liés aux exportations d'hydrocarbures en Algérie, sert exclusivement à combler le déficit du Trésor public. A ce sujet, Abderrahmane Mebtoul, professeur d'université et économiste, tient à souligner que le FRR, géré par le Trésor public, est évalué en dinar algérien, alors que les réserves de change sont gérées par la Banque d'Algérie. «Imaginez qu'on dévalue le dinar par rapport au dollar. Lorsque la Banque d'Algérie “joue“ sur le taux de change, elle augmente artificiellement le Fonds des recettes de régulation qui est géré par le Trésor en dinar. Cela met en relief l'importance du déficit. 60 à 70% (selon les années) de la fiscalité sont représentés par les hydrocarbures», explique-t-il. Selon l'économiste, «cette manipulation permet au gouvernement de freiner l'impact de la hausse salariale». C'est également le prix de la paix sociale. Par ailleurs, les recettes de l'Etat sont majoritairement issues des hydrocarbures et le prix du baril du pétrole est évalué entre 100 et 115 dollars par le marché mondial, selon un rapport de la Banque d'Algérie. Un prix surévalué par rapport au prix officiel (http://prixdubaril.com). Grosses dépenses Le professeur Mebtoul estime que si «le taux du baril se stabilise entre 70 à 80 dollars sur trois ans, le FRR sera épuisé sur trois à quatre ans, si l'Etat continue à s'appuyer sur 100 à 150 dollars», selon le calcul d'un groupe d'experts dont il est membre. L'économiste, ancien conseiller du ministère de l'Energie de 1974 à 2005, est catégorique : «Je suis contre le Fonds de régulation des recettes. Je serais plutôt d'avis à ce qu'on établisse la loi de finances au cours du marché. Si on dépense moins que les recettes, on met la différence dans un fonds de stabilisation afin d'avoir une vision claire et transparente du budget, géré jusqu'à présent d'une manière opaque.» Pour ce qui est des origines de ce taux exceptionnel en 2011, l'économiste évoque les augmentations de la masse salariale, les subventions et les dépenses de l'Etat. Pour rappel, un rapport posté en ligne le 31 mars sur le site de l'institution (ministère de l'Energie et des Mines) avait mis le doigt sur les grosses dépenses du gouvernement algérien.