La chanson populaire serait le chant par lequel les troubadours rythmaient leur quotidien et animaient les soirées étoilées autour d'un gîte d'étape. Ces chants sont si sensibles, au point qu'ils en oublient le poids de leurs charges et la longueur du voyage et, ainsi excités étendent leur cou pour s'abreuver de mélodies et exhiber une très folle farandole. Ces chants ne sont rien d'autre que des poèmes pourvus de sons agréables qui ont donné naissance au fameux mode «Ayaia» dont le vénéré maître Khelifi Ahmed excelle pour exprimer dans un lyrisme sans pareil la culture bédouine. Même les paroliers tel que Cheikh Smati, n'ont point lésiné sur cet héritage pour compléter la plus belle œuvre de Bent Al Arjoun (La fille de la palmeraie) En effet, cette poésie populaire est un art musical qui marque le foisonnement poétique dans le vaste désert. Aujourd'hui, Tlemcen comme capitale de la culture Islamique défraie la chronique en ouvrant son grand répertoire sur une culture enfouie dans l'erg occidental. On l'appelait aussi le Haoufi Tlemceni, revêtant une immense richesse, bien qu'il fut surtout transmis oralement. Des écrits sont venus étayer ce grand brassage du lyrisme maghrébin dans la capitale des Zianides. L'origine de ce nouveau mode musical dit lyrique est un poème mélodique issu d'une culture authentiquement maghrébine qui remonte au XIIe siècle, et emprunte ses modes à la musique arabo-andalouse en simplifiant ses modes et se développe sous une forme littéraire ne respectant pas la structure grammaticale classique (le Qasida). Il est un imposant corpus de poèmes et de chants véhiculés par une double tradition orale et manuscrite, représentant un art plus élaboré des formes de versification notamment en arabe dialectal. Les exodes de populations ont toujours eu de grands impacts sur la vie culturelle des sociétés et notamment sur leur production musicale. Ces impacts peuvent aussi revêtir la forme d'une mutation linguistique. On peut puiser de multiples exemples dans l'histoire socioculturelle du Maghreb. La venue des tribus hilaliennes en Afrique du Nord sous les Almohades a eu pour conséquence, de féconder la musique, cela avait donné naissance à la poésie chantée dite «Chi'r al-Malhoun» laquelle devait sceller la communion arabo-berbère. Quand vint le moment de conquérir l'Andalousie, un grand mixage se produisit dans cette rencontre entre trois cultures, l'ibérique, l'amazighe et l'arabe qui a fini par accoucher de la musique andalouse.