« Houna Sawt El Djazaïr », une phrase très personnalisée portée par des voix chargées d'émotion et de détermination de Aïssa Messaoudi et Salah Boubnider, qui ont joué un rôle prépondérant dans la guerre des ondes lors de la guerre de Libération nationale. Le son est parvenu à tous les Algériens, dans les quartiers populaires, villages et grandes villes pour informer et éveiller les consciences et les pousser à mener une lutte sans relâche pour arracher la liberté. Ceux qui se souviennent encore racontent cet évènement avec beaucoup d'émotion. Ayant vécu ce moment, Abdelkader Nour, ancien DG de la RTA, raconte les premières retransmissions qui, même quelquefois mauvaises, étaient attendues impatiemment. Ecouter la première chaîne radio « combattante » nous remplissait d'espoir. Intervenant lors d'une rencontre organisée par Machaâl Echahid au siège de l'Institut de l'audiovisuel d'Ouled Fayet, à l'occasion de la célébration du recouvrement de la souveraineté sur la Télévision et la Radio nationales, il a rappelé l'importance de l'apport des médias pendant la guerre de Libération nationale. Selon lui, la première voix radiophonique a été diffusée le 12 décembre 1956 au niveau des frontières marocaines à partir d'un bus. « La retransmission était mauvaise à l'époque, en raison des déplacements effectués par le bus à cause de la situation sécuritaire de l'époque », raconte-t-il. Ce n'est qu'en 1959, poursuit-il, que cette radio mobile avait acquis un matériel plus ou moins adéquat, lui permettant une meilleure retransmission et une diffusion stable. « Le Front de libération nationale (FLN) avait décidé d'ouvrir des antennes un peu partout et ce fut Houna Sawt El Djazaïr depuis Tunisie, l'Egypte, l'Irak, la Syrie, le Koweït, le Libye et 4 rubriques au Maroc », raconte le conférencier. C'est ainsi qu'un réseau a été constitué dans pratiquement tous les pays arabes. Et depuis, précise t-il, la radio a pris place dans notre vie quotidienne. Dans un message adressé aux étudiants ayant pris part à cette rencontre, Nour les a invités à connaître l'histoire de la Radiotélévision algérienne, les métiers de l'audiovisuel plus précisément. « Il faut revenir un peu en arrière pour comprendre que ce qui est pour vous évident aujourd'hui ne l'était pas pour nous, il y a quelques années », leur dit-il. « Un simple technicien devait assurer à lui seul la diffusion avec des moyens de fortune, contrairement à aujourd'hui, l'ère de la technologie de pointe, où on dispose de tous les moyens répondant aux normes », ajoute-t-il. Pour rappel, la Radiodiffusion télévision algérienne (RTA) est née le 28 octobre 1962, se substituant à l'Office de radiotélévision française (ORTF). Une date qui marque le recouvrement de la souveraineté nationale sur la Radio et la Télévision.