Après la mise en place de tous les instruments juridiques et législatifs ainsi que le comité de pilotage et de suivi, le plan cancer entre dans sa phase d'application. « C'est une étape cruciale, mais cela ne veut pas dire difficile ou impossible. Cela demande plus de présence des professionnels de la santé sur le terrain », a soutenu le Pr Zitouni, qui rappelle que les autorités publiques ont adopté le plan cancer doté d'un budget de plus 200 milliards de dinars. Le professeur s'est exprimé en marge des premières journées médicochirurgicales sur le cancer du sein organisées par le centre anticancer de Blida. Le plan cancer repose sur deux piliers essentiels : la prévention et le dépistage. Il explique que dans le cadre du dépistage, beaucoup de choses ont été faites, mais dans un cadre désorganisé. « Il faut que nous organisions ce programme de dépistage, comme préconisé par l'OMS », a déclaré le Pr Zitouni. Il y aura donc prochainement un programme de dépistage rigoureux et détaillé jusqu'à l'orée 2019. Un groupe de travail regroupant des spécialistes planche dessus. Ce programme sera adressé au ministère de la Santé pour qu'il commence à être appliqué à partir du mois de janvier 2017. Le professeur Zitouni reconnaît que le plan national du cancer connaît un retard dans son application à cause de « la bureaucratie paralysante ». Après le programme de dépistage, ce sera la prévention. Selon le professeur, il n'y a que la prévention qui peut faire baisser les statistiques. Même si dans tous les pays, la tendance est à la hausse. « Les seuls pays qui ont connu une légère baisse d'incidence ou de prévalence sont ceux qui ont adopté, il y a 20 à 30 ans, des politiques audacieuses de prévention, notamment la lutte contre le tabagisme et l'alimentation malsaine », a-t-il souligné. Il semble que le changement du système d'alimentation y est pour beaucoup dans l'augmentation du cancer, y compris celui du sein. Pour ce qui est du plan multisectoriel de lutte contre les risques des maladies non transmissibles, le Pr Zitouni reconnaît aussi que ce plan connaît un retard dans son application. En revanche, le plan cancer connaît au niveau de certains de ses volets un début de mise en œuvre, notamment avec le diagnostic de l'anatomie pathologique, l'amélioration des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie. 11.000 nouveaux cas de cancer du sein chaque année Lors des débats, les scientifiques annoncent que le cancer du sein est le deuxième facteur de mortalité chez la femme. L'Algérie enregistre 11.000 nouveaux cas par an et 10 décès par jour. Cette maladie est provoquée par des facteurs hormonaux, le stress, le tabac, la sédentarité et le mode alimentaire. « Nous découvrons de plus en plus de facteurs déclenchants du cancer du sein », dira le Dr Samira Tarouadada, de l'ESH de Blida. D'autres intervenants attestent que le cancer du sein touche de plus en plus de jeunes filles, une tendance due à la mauvaise alimentation.