Des scientifiques se sont retrouvés, hier, lors d'un séminaire national sur l'ulcère du pied diabétique et sa prise en charge en Algérie. Ils ont plaidé pour la mise en place urgente de structures adaptées à cette maladie qui atteint des proportions alarmantes. Les structures d'accueil de diabétologie doivent être accompagnées des services de prise en charge des diabétiques souffrant de lésions au pied. Au cours de la rencontre organisée par LAD Pharma, les laboratoires cubains CIGB/Herb Biotec et la clinique Ibn-Nafis, les spécialistes ont relevé que cette maladie fait ravage en Algérie. Le nombre d'amputations doublera dans les années à venir. Selon le Pr Sekkel, chef du service diabétologie au CHU de Bab El Oued à Alger, l'absence de structures spécialisées aggrave la situation. « L'objectif est d'éviter l'amputation de la jambe du malade », a-t-elle soutenu. Selon elle, plus de 1.000 malades ont été amputés de la jambe durant les 15 derniers mois à l'hôpital Mohamed-Lamine-Debaghine (Bab El Oued) et 15.000 autres sont atteints d'une gangrène avancée. « Nous espérons que dans le Plan national de lutte contre le cancer, la prise en charge de ces malades qui souffrent en silence sera retenue ou réactivée », explique-t-elle. Elle vient d'éditer un livre sur la prise en charge de la maladie. Le Pr Sekkel a mis en relief l'absence de statistiques qui permettent une évaluation réelle du nombre d'Algériens atteints de cette maladie. « Chacun a ses propres statistiques car aucune étude sérieuse n'a été menée sur le territoire national », a-t-elle déploré. Le professeur a enfin mis en valeur le travail effectué en partenariat avec les scientifiques cubains à l'hôpital de Bab El Oued. « Plus de 3.000 cas ont été sauvés d'une gangrène et 1.000 autres souffrant du pied diabétique d'une amputation », a-t-elle révélé. Intervenant lors d'un séminaire sous le thème « Conduite à tenir devant une lésion trophique du pied diabétique », le Pr Roula Daoud, chef du service médecine interne au CHU de Constantine, a déclaré que « 20 à 50% de cas de pied diabétique décèdent trois années après l'amputation ». S'appuyant sur les statistiques de l'OMS, l'intervenant a indiqué que 450 millions de cas de pied diabétique sont décédés en 2015 et le nombre pourra atteindre 642 en 2040 ». Les statistiques de l'OMS indiquent que 3 à 10% des diabétiques souffrent du pied diabétique. Les amputations peuvent être évitées si le malade est bien pris en charge au début de la maladie. Par ailleurs, 70% de ces amputations concernent des patients souffrant d'un ulcère lié à un traumatisme (port de chaussures inadéquates, corps étranger, mycose cutanée ou unguéale...), ulcère chronique qui s'infectera et/ou entraînera une gangrène. Si les ulcères sont traités de manière précoce et adéquate, ils cicatriseront dans 80 à 90% des cas. Le Pr Mohamed Nadjib Bouayed, chef du service chirurgie vasculaire au CHU d'Oran, a abordé « les conditions d'injection de l'Hebeprot-P ». Ce médicament serait la seule alternative à ce jour pour le traitement de l'ulcère du pied diabétique pour éviter l'amputation.