Les incertitudes de cette 22e Conférence de l'ONU sur le climat (COP22), lancée à Marrakech, pèsent sérieusement sur l'avenir de l'accord historique, signé le 22 décembre 2015 à Paris et ratifié depuis par 109 Etats dont les deux plus grands pollueurs. Que faire de Paris ? La question lancinante se pose pour les 180 chefs d'Etat et ministres des pays signataires présents à Marrakech appelés à « défendre deux jours durant les acquis difficilement arrachés et oscillant entre la top priorité » réaffirmée par le président américain sortant Barack Obama, et le « canular » dont son successeur veut se débarrasser au plus vite. La menace de retrait brandie par Donald Trump est, aux yeux des spécialistes, favorisée par une faille juridique qui permet notamment de quitter, dans un délai d'un an, la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique qui abrite les négociations. Cette option n'est régie par aucun mécanisme de sanctions qui oblige les Etats à respecter les engagements de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre ou même les promesses financières. Ces dispositions non contraignantes ont été imposées par les deux grands pollueurs, la Chine et les Etats-Unis. Elles portent un coup fatal au « temps des engagements » revendiqué par les signataires de l'accord de Paris aux failles béantes. Les assurances de Barack Obama, pariant sur le « pragmatisme » de son successeur, et de son secrétaire d'Etat John Kerry acquis à « l'urgence de l'action climatique » tentent de sauver « la puissance du mouvement et l'élan énorme créé à Paris ». De son côte, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, se veut optimiste en exprimant l'« espoir » que Donald Trump « comprendra l'urgence » de « l'engagement du monde entier ». L a bataille de la survie de l'humanité est enclenchée pour « répondre au défi du changement climatique est notre responsabilité commune et partagée », a souligné le négociateur chinois Xie Zhenhua. Le défi de la limitation sous les 2° C la hausse du réchauffement est inscrit dans la « feuille de route » définissant les engagements nationaux, les procédures et surtout les promesses d'aide des pays développés pour soutenir les politiques climatiques des pays en développement. « Les financements climatiques sont une question de survie pour nous », a réaffirmé lundi le président du groupe des pays les moins avancés, le Congolais Tosi Mpanu-Mpanu. Après les retombées de l'élection de Trump, survenues au deuxième jour de la COP22, la question du financement est au cœur de la rencontre de Marrakech.