Après avoir mis en échec plusieurs offensives du régime pendant un an, les rebelles sont cette fois-ci submergés par la vaste opération, terrestre et aérienne, déclenchée le 15 novembre dernier. En perdant un tiers d'Alep-Est, les rebelles essuient « leur plus grand revers depuis 2012 », a commenté Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. Selon lui, des milliers d'habitants ont fui les zones rebelles et se sont rendus, souvent sans bagages, en zone gouvernementale. D'autres familles se sont réfugiées dans des quartiers encore contrôlés par les rebelles. Le patron des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien, parle d'une situation « alarmante et effrayante ». Près de 16.000 civils ont fui Alep-Est « au cours des derniers jours » vers d'autres parties de la ville, a-t-il annoncé hier. « Je suis extrêmement préoccupé par le sort des civils en raison de la situation alarmante et effrayante dans la ville d'Alep », a souligné ce haut responsable de l'ONU dans une déclaration écrite. « L'intensification des combats au sol et les bombardements aériens aveugles au cours des derniers jours auraient tué et blessé des dizaines de civils », alors que plus aucun hôpital ne fonctionne et que « les stocks alimentaires sont pratiquement épuisés », a-t-il déploré. « L'intensité des attaques sur les quartiers d'Alep-Est au cours des tout derniers jours ont forcé des milliers de civils à fuir vers d'autres parties de la ville », a précisé O'Brien. « Les premiers rapports indiquent que jusqu'à 16.000 personnes ont été déplacées, beaucoup dans des situations incertaines et précaires. Il est probable que des milliers d'autres n'auront pas d'autre choix que de fuir si les combats continuent (...) à s'intensifier au cours des prochains jours », a-t-il ajouté. Paris veut une réunion « immédiate » du Conseil de sécurité Pour sa part, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a demandé l'accès aux zones assiégées en Syrie où vivent près de 500.000 enfants. Il a appelé à la levée de tous les sièges, afin de permettre un accès immédiat de l'aide humanitaire. A mesure que la violence continue à empirer en Syrie, le nombre d'enfants vivant dans des zones assiégées a doublé en moins d'un an, a déclaré l'Unicef dans un communiqué de presse. Selon elle, « près de 500.000 enfants vivent à présent dans 16 régions assiégées à travers le pays, presque entièrement coupés de toute aide humanitaire durable et privés des services les plus élémentaires ». Plus alarmant, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a demandé que le Conseil de sécurité de l'ONU se réunisse « immédiatement » afin « d'examiner la situation de cette ville martyre et les moyens d'apporter secours à sa population ». « Plus que jamais, il y a urgence à mettre en œuvre une cessation des hostilités et à permettre un accès sans entrave de l'aide humanitaire », estime Ayrault dans un communiqué. Des consultations sur la Syrie étaient prévues, hier, au Conseil de sécurité, mais sans lien avec la situation à Alep. Lundi dernier, l'ONU s'était déjà dite « extrêmement inquiète » pour les plus de 250.000 civils qui vivent « dans des conditions horribles ». « Nous demandons instamment à tous les belligérants de cesser leurs bombardements aveugles (...) et de laisser entrer l'assistance humanitaire urgente, comme l'exige le droit international humanitaire », a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric.