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Un débat sans tous les intéressés
Rencontre autour du jeune cinéma algérien
Publié dans Horizons le 04 - 12 - 2016

La première des deux tables rondes prévues en marge du festival du cinéma engagé s'est déroulée, hier, à la Cinémathèque d'Alger. Deux productrices, le président de Project Heurts qui organise les journées cinématographiques de Béjaia, Abdenour Houchi, le réalisateur établi en Hollande, Karim Traidia, se sont retrouvés, autour d'Ahmed Bedjaoui, pour évoquer l'émergence du jeune cinéma algérien et les moyens de l'accompagner. Selon Bedjaoui, « une nouvelle génération est en train de s'imposer, de révéler un formidable potentiel de création ». « Nous sommes à la croisée des chemins et il est temps de tendre la main à ces jeunes créateurs », a-t-il soutenu. Abdenour Houchi parlera « du « désir et de l'envie du cinéma apparue au tournant des années 2000 ».
Le débat a été de nouveau l'occasion de remettre sur le tapis les multiples problèmes qui freinent l'essor du septième art dans notre pays. On a parlé de la formation de comédiens, de techniciens, de l'importance de la critique et surtout de l'inexistence d'un circuit de distribution sans lequel « notre cinéma restera toujours en quête d'un public » pour reprendre les mots de Bedjaoui. Sabrina Draoui qui tourne actuellement un documentaire sur les casseurs de pierres de Tkout, dans les Aurès, et qui a déjà réalisé un court métrage, a parlé des entraves qu'elle a rencontrées pour bâtir une structure légère dans le domaine de la post-production. Les idées ont fusé de toutes parts, tant sur la nécessité d'impliquer le privé à travers le sponsoring, le recours aux maisons de la culture pour diffuser les films ou la relance des ciné-clubs. La productrice Amina Haddad a soutenu le système des coproductions qui selon elle « apporte une plue-value au comédien et au producteur ». Karim Traidia a expliqué qu'au Pays-Bas « les télévisions s'impliquent dans la production de films » mais il a ajouté que « dans ce domaine on a besoin aussi de confiance et de liberté ». Pour Amina Haddad, justement « la centralisation des aides publiques au niveau du ministère de la Culture encourage l'autocensure ». Selon elle, « la mise sur pied d'un cadre juridique impliquant des exonérations d'imports et des retours sur bénéfice peut pousser les privés à s'impliquer davantage ». Ahmed Bedjaoui citera à ce propos le cas de la Belgique. Le cinéma peine en fait à sortir d'un cercle vicieux comme l'illustre la réticence des opérateurs privés à soutenir les productions. « Comment soutenir un film qui n'aura aucun rendement faute d'être distribué ? », disent ces derniers. « Et comment faire des films sans des fonds suffisants ? », répliquent immanquablement les réalisateurs et producteurs. Ce qu'il faut regretter dans ce débat est l'absence d'un jeune réalisateur pour parler du contenu des films, des préoccupations thématiques et esthétiques qui les traversent. Sans l'avis et les explications des responsables du FDATIC, du ministère de la Culture ou l'ENTV qui restent des maillions importants, on ne dispose pas de toutes les données. C'est à ce niveau que des décisions salvatrices peuvent être prises. Le reste, nous glisse un réalisateur dans la salle, n'est que « du cinéma ». Cela n'amoindrit en rien la valeur et l'utilité de la réflexion.

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