Une fiction sur le spleen de toute une génération qui ne rêve que de partir. Partir très loin et réussir ailleurs. Un film sur les jeunes, fait par des jeunes. La famille du petit et du grand écran ainsi que la ministre de la Culture, Khalida Toumi, étaient au rendez-vous avant-hier au palais de la Culture Moufdi-Zakaria, pour assister au premier tour de manivelle du long métrage Harragas Blues, de Moussa Haddad. Moussa Haddad qui nous avait donné beaucoup d'espoir en la jeunesse, en 1998, avec Made in, qui avait permis à des jeunes d'émerger et à Souad Massi de se faire connaître en signant la bande originale du film, Bye Bye my Love. Après avoir réalisé la série Binatna, en 2006 (produite par l'ENTV), Moussa Haddad revient vers ses premières amours : le cinéma. Un cinéma pour les jeunes et par les jeunes qui tend à épouser les contradictions sociales et à mettre en scène les turpitudes de la vie quotidienne. Conscient que le plus grand problème de nos jeunes aujourd'hui est l'émigration clandestine, le phénomène des harraga, Moussa Haddad a élaboré un scénario avec Amina Bedjaoui-Haddad. Harraga Blues, dont le début du tournage est prévu pour le mois prochain, est un film sur les harraga, mais aussi sur une jeunesse qui se sent enfermée chez elle, qui croit que la réussite se trouve ailleurs, qui vit des drames existentiels et autres sociaux et qui peine à trouver ses marques et à transformer ses rêves en objectifs. Elle idéalise l'Europe, cet eldorado pour lequel des milliers de jeunes ont laissé leur vie. “Je vous garantit que je vais mettre mes tripes dans ce film, pour faire plaisir à tous les spectateurs algériens qui ont envie de voir du bon boulot. Nous avons une équipe jeune et formidable. On espère casser la baraque, et je crois qu'on pourra être en mesure de réussir”, a déclaré le réalisateur, avant de céder la place à ses trois comédiens principaux, pour présenter deux scènes du film. Harraga Blues, long métrage de 140 minutes qui sera tourné à Alger, Annaba, Oran, Béjaïa et Tizi Ouzou, est l'histoire de deux jeunes amis qui rêvent de partir en Europe. Ils aspirent, légitimement, à une vie meilleure, à une existence plus douce. Rayan (Zakaria Ramdan) et Zine (Karim Hamzaoui) sont déterminés à aller au bout de leurs… rêves. Zine sera le premier à tenter la traversée. Après son sauvetage in extremis par les gardes-côtes, Zine tentera de convaincre son ami Rayan — qui a d'abord traversé une partie de l'Algérie en direction d'Annaba pour emprunter de l'argent à son oncle — de renoncer à son projet. Zine réussira-t-il à dissuader son ami de partir ? Là est toute la question. “C'est un film qui aspire à séduire le public avec une histoire bien de chez nous, sous l'angle d'un film d'action, à caractère publicitaire pour dire que l'eldorado, pour qui sait bien le voir, n'est pas forcément de l'autre côté de la mer !” lit-on dans le dossier de presse du film dont le budget est estimé à 70 millions de dinars. En plus des trois nouveaux visages qui incarnent les rôles principaux dans Harraga Blues, le casting compte également des comédiens chevronnés, notamment Hassan Benzirari, Kaci Tizi Ouzou, Salima Labidi et Rania Seroutti. Bénéficiant du soutien du Fdatic, de la télévision algérienne et d'autres partenaires publics et privés, le tournage de ce film d'une durée de 140 minute prendra huit à dix semaines.