Riche discussion aux 2es Journées cinématographiques de Saïda sur le dernier film de Moussa Haddad Harraga Blues. Saïda De notre envoyé spécial
Intéressant débat, lundi soir, à la maison de la culture Mustapha Khelaf de Saïda, lors de la clôture des 2es Journées cinématographiques de Saïda. Débat autour du dernier long métrage de Moussa Haddad, Harraga Blues, animé par Amina Haddad Bédjaoui, scénariste et productrice du film, Hakim Abdelfatah, assistant réalisateur et Mohamed Bensalah, critique et chercheur. «Amina Haddad a écrit le scénario pendant cinq années. Elle a été fortement encouragée à le faire. Elle a assisté son époux qui a réalisé le film. Moussa Haddad est un des premiers grands techniciens algériens du cinéma. Il avait assisté Pentecorvo pour La Bataille d'Alger», a précisé Mohamed Bensalah. Hakim Abdelfettah a remarqué, pour sa part, que Moussa Haddad a fait appel à des jeunes qui n'ont jamais fait de cinéma. Il a notamment cité les comédiens: (Karim Hamzaoui, Zakaria Ramdane, Mouni Bouallam), les assistants-réalisateurs, la scripte, la cadreuse, le chef décorateur. Harraga Blues raconte l'histoire de deux jeunes, Zine et Rayan, qui rêvent de partir en Espagne pour fuir un présent pesant et des horizons bouchés. «C'est une histoire simple à hauteur d'hommes et de femmes. Nous nous sommes dit ‘‘réservons la plus grande partie à l'inattendu''. Le titre signifie le blues des harraga. Le blues est une musique qui exprime une certaine tristesse. Dans le film, le blues exprime le mal-être. Les jeunes disent ‘‘manich laki rouhi''. Ils ne se sentent pas bien, ne savent pas où aller. C'est l'expression d'un état d'âme», a soutenu Amina Haddad. Reprenant Moussa Haddad, elle a estimé qu'un film n'a pas vocation à régler un problème sociologique. «Le problème de la harga est l'affaire de toute de la société, de l'université (…). Nous sommes restés dans le border line. Il est question de harga, mais pour exprimer autre chose. Ce n'est pas le sujet du film. Pas besoin d'expliquer le pourquoi du comment du phénomène. On s'est libérés un peu. Il reste que la harga est un marqueur d'époque. Qui dit harraga, dit l'Algérie moderne, l'Algérie des années 2000, l'Algérie vibrante qui ne sait plus où donner de la tête». «Harraga blues est un film où il est question d'amour, de relations filiales, d'espoir. Le cinéma est percutant pas dans ce qui montre à l'écran, mais dans ce qu'il suggère», a-t-elle ajouté. Farouk El Hadj, enseignant à l'université de Saïda, s'est dit intrigué par «le côté romantique » du film. «Est-ce que la société algérienne croit à l'amour ?», s'est-il demandé. «Nous avons tous besoin d'amour et grandement. Dans les pires situations de la vie, l'amour est salutaire. Harraga blues évoque l'amour par nécessité et par plaisir. L'amour est un ingrédient qui méritait sa place dans le film», a répondu Amina Haddad. Selon elle, le film a été entouré d'une certaine hostilité lors de sa projection, en avant-première mondiale, au Festival international d'Abu Dhabi (en octobre 2012). «Il y avait une incompréhension que je ne comprenais pas. Un journaliste libanais m'a dit pourquoi avons-nous montré l'Algérie ‘‘comme un beau pays''», a-t-elle dit. D'après elle, Moussa Haddad a réalisé un film serein et apaisé. «Moussa Haddad a su éviter un discours moralisateur du genre ‘‘aimez votre pays, ne le quittez pas''», a-t-elle appuyé. Harraga Blues est projeté à la salle El Mougar à Alger, et le sera bientôt à Oran et Annaba.