Les opérateurs économiques africains s'accordent à souligner l'importance d'une plus grande implication de l'Algérie dans le continent noir. Ses capacités, ses compétences, ses projets structurants font que notre pays reste un pays leader dans la région et doit jouer le rôle de locomotive économique. « L'Algérie peut faire beaucoup de choses en Afrique où l'attend une réussite certaine », a déclaré Abdelwahab Ziani, DG d'Arômes d'Algérie. Venu de Dakar où il a pris part avec une quarantaine d'opérateurs à la foire internationale Fidak, notre interlocuteur décrit l'attachement des Africains à l'Algérie. « Les Africains sont impressionnés par l'Algérie et le professionnalisme de ses opérateurs étant donné que nous sommes allés pour des projets de coopération industriels contrairement aux autres délégations qui veulent des relations commerciales », a-t-il expliqué. L'appel lancé par cet opérateur, qui prend part pour la troisième fois à ce rendez-vous, est de chercher à conquérir ce marché à la portée des Algériens. « Les opérateurs ne doivent pas rester frileux. Ils doivent poser un pied en Afrique, car l'Algérie reste un pays leader et respecté », a-t-il dit. « Il est temps pour que l'Algérie revienne sur la scène africaine », soutient, pour sa part, Didier Aceuety, président d'un cabinet de recrutement en Afrique. « Nous avons besoin d'une interconnexion. Grâce à la formation et au développement des équipements industriels, nous pouvons trouver nous-mêmes des solutions technologiques et nous n'aurons plus besoin des autres », a-t-il résumé. Il considère ce forum comme « un appel d'Alger pour une nouvelle Afrique ». Cette rencontre reflète l'image de l'Algérie qui a toujours aidé les Africains, notamment par la formation, a estimé Lo Makhtar, directeur d'une firme informatique au Sénégal. Il estime que l'Afrique est restée un terrain vierge que les Algériens doivent investir. « Les opérateurs ne doivent pas se contenter de l'exportation de leurs produits, mais doivent œuvrer à s'installer et à produire », a-t-il dit. S'agissant de la levée des contraintes, Ziani salue les décisions courageuses prises par la Banque d'Algérie concernant le prolongement du délai de transfert de fonds à 365 jours au lieu de 180. Les opérateurs ont également demandé l'ouverture d'une banque algérienne en Afrique pour « accompagner et rassurer les opérateurs, faciliter la tâche aux membres de la communauté algérienne établie dans le continent et récolter les fonds des Africains qui veulent placer leur argent dans un pays sûr et fort comme l'Algérie », a-t-il expliqué. Outre l'accompagnement douanier pour les opérations d'exportation, le problème de transport de la marchandise peut être réglé grâce aux zones franches de Ténès et de Tamanrasset ainsi que l'autoroute Nord-Sud. « Outre le développement des régions, le développement de cette activité servira à désenclaver et à aider les pays africains qui sont en train de mourir de faim », a-t-il ajouté. En contrepartie de l'exportation des produits, l'Algérie peut récupérer toute la matière première de l'Afrique. « Il y a un grand échange en la matière. » Didier Aceuety estime nécessaire de supprimer les visas entre les pays africains afin de permettre la liberté de circulation à tout le monde. Il plaide aussi pour une résolution onusienne sur « la préférence continentale » et la formation de consortiums interafricains pour la réalisation des grands projets. La création d'une dynamique Sud-Sud passe aussi par la protection des marchés et des championnes africaines, a-t-il ajouté. La garantie et l'accompagnement de l'Etat algérien sont nécessaires pour réussir la présence des opérateurs en Afrique, a estimé Lo Makhtar. Pour cela, le premier investissement à faire concerne l'installation de centrales électriques pour la production de l'énergie. L'Algérie doit aussi utiliser tous les étudiants qu'elle a formés depuis son indépendance et qui sont aujourd'hui des cadres importants. « Ça va constituer un important réseau qui va l'aider à bien s'infiltrer et travailler dans ce continent. »