Depuis sa naissance, le septième art a toujours véhiculé des messages. Certains films sont certes plus engagés que d'autres. Ils ont toujours porté la cause des peuples ou d'individus opprimés. La liste est longue de cinéastes ayant su concilier spectacle et engagement. Les films de divertissement n'ont jamais cessé de côtoyer des œuvres à thème. Toutefois, la question et la définition de la notion d'engagement se pose de manière récurrente. C'est à cette question et à d'autres qu'ont tenté de répondre des cinéastes lors d'une table ronde intitulée « l'engagement au cinéma entre plaidoyers et défis du futur ». Elle s'est déroulée, hier, à la Cinémathèque d'Alger à la faveur de la tenue du 7e festival international du cinéma d'Alger dédié au film engagé. La rencontre a permis à Mireia Sentis Casablancas (Espagne), Sékou Traoré (Burkina Faso), Michel Serceau (historien du cinéma de France) et l'enseignant, cinéaste algérien Abdelkrim Bahloul, sous la houlette de Ahmed Bedjaoui, d'évoquer le rôle du cinéma dans la société. Pour Casablancas, l'engament est « de réécrire l'histoire du côté de ceux qui sont opprimés ou ayant perdu la guerre ». Au Burkina Faso, l'engagement est quasi naturel. « Le cinéma porte sur des thèmes politiques (corruption), sociaux (excision, traite des enfants et le genre) », a soutenu Sékou Traoré. Pour Serceau, « le cinéma engagé est la réplique à une situation grave, le reflet d'une injustice. Le cinéaste n'est pas là pour donner des leçons mais pour faire construire la réponse du spectateur ». Retracer l'histoire d'un fait peut avoir comme point de départ un scénario mais on peut évoquer et illustrer une cause en s'appuyant sur le montage de scènes de film ou des documentaires. Ce fut le cas du film « Combien je vous aime » du réalisateur Azzedine Meddour. Néanmoins, la réussite commerciale d'un film ne sert pas toujours une cause. Dans ce sens, l'historien français Serceau, le film de Joris Evens « Comment Yukong déplaça les montagnes ». « Il a eu beaucoup de succès mais a passé sous silence certaines réalités », dira-t-il. Evoquant le rôle du cinéaste et l'apport du film dans la société, Ahmed Bedjaoui a affirmé que « le cinéaste n'est pas un historien, mais le témoin de celle-ci ». Serceau a, pour sa part, estimé qu'« un film ne peut pas changer la société mais bouscule les gens dans leur confort et remet en cause les idées reçues ». Une idée réfutée par le réalisateur et membre du jury du festival Bahloul. Selon lui, « le film peut changer la société ». Il citera « Kramer contre Kramer » relatif au problème de la garde de l'enfant en cas de divorce ou « La Bataille d'Alger » qui a soudé le peuple algérien. Les animateurs de la table ronde, la deuxième durant le festival international du cinéma d'Alger, ont soutenu que l'engagement d'un cinéaste est à vie. Il reste une personne objective et honnête à l'écoute des souffrances des peuples et demeure le porte-parole des causes justes. L'essentiel est de faire passer un message à travers une image. Dans bien des cas, la réussite est totale.