Ce sera finalement le patron du géant pétrolier ExxonMobil, Rex Tillerson, qui succédera au démocrate John Kerry au poste stratégique de secrétaire d'Etat, l'un des tout derniers qui n'a pas été encore pourvu dans la nouvelle administration du président élu, Donald Trump, conforté par le recomptage de près de trois millions de bulletins de vote dans le Wisconsin en sa faveur. L'option confirmée par un communiqué officiel, se précise davantage avec le retrait de l'ancien maire de New York, Rudy Giuliani, et de l'ancien gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney. Le profil traduit une fidélité de longue date qui unit les deux hommes, mais également de profondes relations d'affaires tissées avec le président russe, Vladimir Poutine, qui l'a décoré, en 2013, de l'ordre de l'Amitié. Serait-ce la confirmation du changement de cap plaidant pour un rapprochement avec Moscou ? Tous les signes avant-coureurs d'un choix stratégique confirment une normalisation à pas calculés clairement esquissée, depuis l'élection de Trump, lors des entretiens téléphoniques entre les deux Présidents. Les deux parties ont fait savoir qu'ils s'étaient engagés à travailler à une « collaboration constructive » dans un large éventail de « questions, notamment les menaces et les défis auxquels font face les Etats-Unis et la Russie, les problèmes économiques stratégiques et les relations historiques entre les Etats-Unis et la Russie qui ont débuté il y a 200 ans ». Il est aussi convenu de se mobiliser pour « combattre le terrorisme et l'extrémisme » et d'œuvrer au règlement de la crise en Syrie. Cette convergence a incité Poutine à se déclarer prêt à rencontrer son homologue américain à tout moment, après la formation de son gouvernement. A un peu plus d'un mois de l'arrivée du républicain Trump à la Maison Blanche, une redéfinition des relations entre Moscou et Washington semble se dessiner. Mais cette orientation, qui a soulevé une levée de boucliers dans son propre camp, annonce une nouvelle épreuve au Congrès appelé à confirmer ou à rejeter par vote cette nomination. Elle intervient également dans un contexte tendu marqué par les accusations de la CIA sur les interférences russes dans l'élection américaine, réfutée par le nouveau président, jetant le discrédit sur le service de renseignements à la réputation entachée par les rapports erronés sur les liens entre Saddam Hussein et Al-Qaïda. « Pourquoi cela n'a-t-il pas été publié avant l'élection ? », a-t-il écrit sur Twitter. Autre sujet brûlant : la brouille sino-américaine relancée de plus belle par les déclarations de Trump, jugées inquiétantes par Pékin, menaçant de ne plus reconnaître la « Chine unique ».