Le géant pétrolier américain ExxonMobil a réussi à limiter les dégâts de la chute des prix du pétrole au premier trimestre, grâce au raffinage et à des économies qui lui ont permis de dégager de gros bénéfices. ExxonMobil a dégagé un bénéfice net trimestriel de 4,94 milliards de dollars, en baisse de 46% sur un an, pour un chiffre d'affaires de 67,61 milliards de dollars (-36,4%), a-t-il annoncé. Son concurrent américain ConoCoPhilips a, lui, vu son profit fondre à 272 millions de dollars contre 2 milliards un an plus tôt, en raison du plongeon de plus de 50% des prix du pétrole depuis juin. Chevron, le numéro deux américain, publie ses résultats trimestriels vendredi. Pour contrer l'effet négatif du pétrole à bas prix, ExxonMobil s'est reposé sur son portefeuille équilibré, a expliqué le P-DG Rex Tillerson. Premier groupe énergétique mondial, ExxonMobil tire en effet profit de son modèle économique, qui le place à tous les échelons de l'industrie pétrolière: de l'exploration à la vente au consommateur via les stations à essence notamment. Lors des trois premiers mois de l'année, le raffinage ou aval a enregistré de fortes marges, multipliant par deux son bénéfice net à 1,7 milliard de dollars. Traditionnellement quand les prix du brut sont bas, les coûts de traitement sont allégés, ce qui bénéficie aux raffineurs. Cette bonne santé du raffinage a permis de supporter la déconvenue de la production-exploration (amont), dont les les bénéfices ont chuté à 2,9 milliards de dollars, contre 4,9 milliards au premier trimestre 2014. Les Etats-Unis, dont les coûts de production sont plus élevés qu'ailleurs, ont accusé le coup du pétrole pas cher, selon ExxonMobil. ExxonMobil a, comme le reste du secteur pétrolier, opté pour moins de dépenses, l'abandon ou le retardement de projets et des réductions de coûts. La major pétrolière a par exemple réduit le temps de forage dans différents sites au sud des Etats-Unis. Le groupe texan a surtout diminué de 9% ses investissements à 7,70 milliards de dollars, ce qui le place en bonne voie pour atteindre son objectif de 34 milliards d'investissements cette année, en baisse de 12% sur un an.
Production en hausse Paradoxalement, la major pétrolière a accru sa production. La production de pétrole et de gaz a augmenté de 2,3% (97 000 barils par jour) sur un an sur le trimestre, à 4,2 millions de barils équivalent pétrole par jour, grâce notamment à des puits en Papouasie Nouvelle-Guinée. Le champ de Kizomba en Angola est aussi en avance sur le calendrier, tandis que le champ indonésien de Banyu Urip et le projet Kearl portant sur l'exploitation de sables bitumineux de l'Ouest canadien donnent également satisfaction. Cette augmentation de la production a rassuré marchés et investisseurs qui s'inquiétaient des conséquences des coupes drastiques dans les investissements en plein épuisement des vieux puits. D'autant que les projets d'ExxonMobil avec son partenaire russe Rosneft dans la région stratégique de l'Arctique, potentiellement riche en hydrocarbures, sont gelés, en raison des sanctions occidentales contre Moscou. Les pertes potentielles sont estimées pour l'instant à 1 milliard de dollars. L'activité de production et d'exploration pétrolière est la locomotive des bénéfices d'ExxonMobil, qui confirme par ailleurs sa volonté de continuer à choyer ses actionnaires à qui il va verser un dividende trimestriel augmenté de 6% à 73 cents par titre, ce qui représente 12,2 milliards de dollars sur l'année, selon Howard Silverblatt, un expert de S&P Dow Jones. Contrairement à Chevron, le groupe va racheter pour 1 milliard de dollars de ses propres actions. ExxonMobil ne révèle en revanche toujours pas ses intentions dans la consolidation du secteur, lancée par le rival anglo-néerlandais Royal Dutch Shell qui veut mettre la main sur BG pour 65 milliards d'euros. En mars, Rex Tillerson avait indiqué que le groupe était prêt à des fusions-acquisitions.