L'alerte sur un acte de violence exercé sur un enfant est un élément indispensable pour lutter efficacement contre la violence. Pour donner plus d'efficience et d'efficacité à son intervention sur le terrain, l'Instance nationale de protection et de promotion de l'enfance est en train de mettre en place « plusieurs mécanismes d'alerte », à travers l'ouverture d'un numéro vert, d'un site internet et la réception des personnes et de leurs doléances au niveau de son siège », a indiqué Meriem Cheurfi, déléguée nationale de la protection de l'enfance. « L'alerte est un acte déterminant qui nous permet de localiser l'enfant en danger pour effectuer une intervention rapide, efficace et en temps opportun », a-t-elle expliqué. Toutes ces alertes seront transmises aux acteurs concernés, à commencer par le ministère de la Solidarité, « pour une protection sociale », avant la saisie de l'action judiciaire, a-t-elle expliqué. Elle garantit l'anonymat à toute personne qui alerte sur ces comportements nuisibles à la société. « Le plus important pour nous, c'est de récolter l'information car la dénonciation de la violence s'avère un élément indispensable pour la lutte », a-t-elle dit. Pour sa part, Lahcen Saâdi, magistrat au ministère de la Justice, est revenu sur les « lourdes peines » contenues dans la loi luttant contre toute forme de violence exercée sur les enfants. La peine contre le kidnappeur peut aller jusqu'à la perpétuité, celle de la violence sexuelle peut aller jusqu'à 20 ans de prison, le viol entre 10 et 20 ans, alors que la sanction contre la prostitution prévoit l'emprisonnement de 5 à 10 ans. « Néanmoins, la route reste encore longue pour arriver à une protection large de l'enfance, laquelle nécessite un travail sérieux, beaucoup de patience et de persévérance », a-t-il indiqué. Il a appelé à « l'abolition de toute forme de violence, y compris celle dite ‘‘tolérée'' au sein de la famille, de l'école et de toute la société ». Outre la violence physique, le conférencier a évoqué « la violence verbale et morale » qui « entraîne des maladies psychologiques avant ou après 18 ans », a-t-il ajouté. « La législation algérienne doit prendre en charge cet aspect », a-t-il insisté. Les chiffres communiqués sur la violence « ne sont pas fiables », étant donné que celle-ci « demeure dissimilée par des tabous de société et une certaine autorité parentale brutale ». La législation algérienne a réussi à couvrir 90% des actes de violence, mais une bonne lutte nécessite « la mise en place d'une série de mesures en plus de la volonté de toute la société », a-t-il précisé. Les enfants souffrent en silence « La protection des enfants contre les dangers de la violence, de l'exploitation, de la criminalité et autres est un devoir moral et légal important, étant donné que beaucoup d'enfants souffrent en silence de la violence et de ses nombreuses conséquences », a estimé, hier, Meriem Cheurfi, dans son discours à l'ouverture de la journée d'étude intitulée « La protection de l'innocence est la responsabilité de tous », tenue à Alger. Selon elle, « la violence est aveugle et n'attend pas l'autorisation des familles ni des écoles. Elle a pour seule conséquence d'attenter au droit de l'enfant de jouir naturellement de son enfance ». L'aide des adultes à cette frange fragile de la société intervient à travers « l'échange de nos expériences pour trouver des solutions susceptibles de les protéger et les promouvoir ». En Algérie, le cadre réglementaire relatif à la protection de l'enfant a été renforcé grâce aux instructions du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, d'élaborer une loi sur la protection de l'enfant en 2015. Le travail de la préparation des textes réglementaires et le plan de son action ont été entamés. Créée en vertu de cette loi, l'Instance nationale de protection et de promotion de l'enfance est placée sous la tutelle directe du Premier ministre, « compte tenu de l'importance nationale de ses missions et de leurs dimensions humaines et valeurs suprêmes », a-t-elle ajouté. Cette instance est « un acteur indispensable » en matière de protection des enfants. Elle constitue, de par les missions qui lui sont confiées, « un trait d'union » et « un élément fédérateur de tous les efforts fournis par les autres départements ministériels, administrations, société civile et autres personnes chargées de la protection des enfants et leurs familles ». Elle est chargée de traduire ces efforts à travers « une intervention sur le terrain pour le traitement des situations relatives à l'enfance en détresse ». « La protection de l'innocence est la responsabilité de tous » est le slogan de la journée d'étude qui va donner suite à la tenue de plusieurs congrès et activités qui mettront en exergue les préoccupations et les besoins de l'enfance. Il se veut aussi un espace de consolidation des efforts pour l'élaboration d'un plan de travail opérationnel et riche, afin de consacrer le principe de la coopération intersectorielle au service de l'enfance.Nouria Bourihane