L'Algérie a pu engager un processus de stabilité grâce au dialogue social. C'est ce qu'a indiqué Abdelmadjid Sidi-Saïd, secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), lors du colloque sur le partage de l'expérience algérienne en matière de dialogue et de protection sociale. Il a rappelé que l'Algérie avait entamé, depuis 1990, un processus d'entente et de cordialité entre le gouvernement, le patronat et l'UGTA autour des questions économiques et sociales. Celui-ci s'est soldé par la tenue d'une première bipartite en 1990 et d'une tripartite en 1991. Elles ont permis au pays d'avancer dans une démarche collective sur les questions « très sensibles » concernant le monde du travail. Le même responsable a soutenu qu'en Algérie, les textes de loi régissant le monde du travail sont préalablement soumis aux partenaires sociaux, citant notamment le statut général de la Fonction publique qui avait fait l'objet de consultations, ayant duré trois années. Tout en relevant les difficultés quant à la mise en place de ce processus de dialogue, il a noté qu'actuellement, la situation est passée de la problématique du dialogue à celle de la confiance. « Nous avons cette conviction d'avoir construit notre pays sur une tradition séculaire, car le débat démocratique et la consultation existaient déjà dans les villages au sein de la ‘thadjmaâth' », dit-il. Par ailleurs, Sidi-Saïd a souligné que son organisation et les parties concernées sont en train d'élaborer le code du travail, sans aucune précipitation, et ce, dans le cadre de l'amélioration des lois sociales des années 1990. « A l'UGTA, nous sommes arrivés à faire 780 assemblées générales sur ce document », précise-t-il. Pour Moussa Oumarou, directeur du département gouvernance et tripartisme à l'Organisation internationale du travail (OIT), le dialogue et la protection sociale en Algérie sont des expériences riches qui constituent un modèle à partager à l'occasion de rencontres internationales. Il a salué, dans ce sens, les récentes mesures prises par le gouvernement pour étendre la protection sociale aux travailleurs, dans l'économie informelle et aux universitaires diplômés pendant la période de recherche d'emploi. Des dispositions qui, selon lui, permettent une meilleure couverture sociale qui concerne, actuellement, près de 90% de la population, soit un exemple de progrès, notamment en Afrique et dans le monde arabe. « Le dialogue social est un outil permettant la concertation et l'échange d'informations entre les partenaires sociaux sur des questions d'intérêt commun que ce soit sur le plan politique ou économique », note l'intervenant. Pour ce qui est de la sécurité sociale, il estime qu'elle contribue à atténuer la pauvreté et les inégalités, et améliore la santé ainsi que la capacité des personnes vulnérables à travers l'augmentation de la productivité et au développement de l'économie nationale. Pour le représentant de l'OIT, la création d'emplois, les droits au travail, le dialogue, la protection sociale et l'inégalité entre hommes et femmes sont au cœur de l'agenda du travail qui est lui-même un des Objectifs du développement durable. Il a relevé que l'objectif 8 du programme pour 2030 invite à promouvoir une croissance économique soutenue, durable et partagée. Pour Oumarou, le dialogue mène aux solutions équilibrées aux défis économiques et sociaux et fait avancer le progrès social. « Cette période de crise économique mondiale doit faire l'objet d'un dialogue social qui constitue un levier important pour trouver des solutions consensuelles et durables », recommande le spécialiste.