Photo : Fouad S. «Le changement pacifique n'est plus un choix mais un impératif de l'heure», a affirmé, hier, Ahmed Adimi, professeur à l'Institut des sciences de l'information et de la communication, dans le cadre du forum Amal El ouma du journal Echaab. «Il n'est pas pire pour une nation que de vivre une stagnation qui l'empêche de s'épanouir. Malheureusement, notre société subit aujourd'hui ce sort», a-t-il déclaré d'entrée devant une assistance composée d'économistes et d'hommes politiques dont l'ex-chef de gouvernement, Ahmed Benbitour. Adimi estime que la faille réside dans le fait de ne pas avoir songé «à l'après-terrorisme» qui suppose l'engagement dans une autre trajectoire à la hauteur des exigences de l'heure. Le changement a naturellement pour but de faire prévaloir une citoyenneté «pure et dure» et d'améliorer la prestation politique et économique de l'Etat algérien, «ayant pour seule référence jusqu'à ce jour la déclaration du 1er Novembre». Depuis 1954, date du déclenchement de la guerre de Libération, aucun document de la teneur de cette déclaration n'a été élaboré, déplore-t-il, en précisant que pour atteindre l'objectif escompté, «il faudrait d'abord lever tous les obstacles qui empêchent le citoyen de jouir de sa liberté et qui le met dans une position de marginalisation». La liberté d'expression, l'égalité entre les femmes et les hommes, la transparence dans la gestion des deniers publics, la prise en compte des compétences au lieu des complaisances, sont autant de frustrations auxquels fait face la société algérienne, indique-t-il. Ce qui justifie la nécessité de céder place à cette nouvelle génération qui risque d'utiliser «la violence» comme gage de changement. Adimi estime dans ce sillage qu'au plan politique, le pays «vit une crise d'homme» qui interpelle aujourd'hui plus qu'hier le besoin «de mettre en place un gouvernement technocrate, une révision de la Constitution qui consacre le régime parlementaire et une séparation des pouvoirs, le retour à la limitation d'âge et des mandats présidentiels…». Et de poursuivre : «nous avons besoin de nouveaux partis politiques qui devront servir d'éponge pour la colère citoyenne et d'une ouverture imminente du champ audiovisuel». En somme, résume-t-il, «le régime auquel on aspire doit ériger la liberté comme valeur suprême, dans un cadre où se feront des compromis et des concessions de taille, intérêt du pays oblige». «Faisons du prochain 5 juillet, une date de l'entame d'une deuxième république. Le changement ne doit pas être synonyme de replâtrage», conclut Adimi. Le professeur Msitfa, quant à lui, évoque le volet économique de la thématique de la conférence en indiquant de prime abord que l'Algérie n'a pas encore une économie productive, mais une économie rentière fondée uniquement sur les ressources pétrolières. Pour parer à cette situation ayant montré ses limites, le conférencier estime qu'il faut procéder à des solutions spécifiques nouvelles, devant passer inéluctablement par un gouvernement plus économique que politique. L'inflation et le chômage sont les symptômes d'une maladie grave, à laquelle il faut remédier, puisque «les rattrapages sont possibles étant donné que la rente actuelle peut couvrir les besoins du pays d'ici 40 ans encore». L'Algérie est le premier pays qui recrute plus d'un million et demi de travailleurs de la fonction publique, souligne-t-il, en proposant le licenciement de tout fonctionnaire dans ce secteur n'ayant aucune tâche à faire. De plus, il est temps, d'avoir une vision globale sur la politique économique du pays, qui peut s'appuyer, d'après lui, «sur l'investissement à zéro obstacle, la zakat...», entre autres solutions.