Le ministre des Ressources en eau et de l'Environnement, Abdelkader Ouali, a annoncé, hier, le lancement « d'un programme de réhabilitation de la gestion de certaines entreprises publiques » du secteur, de manière à leur permettre d'être à la hauteur des responsabilités qui leur sont confiées. « L'ADE n'a pas de problème financier ou de moyens mais plutôt des problèmes d'organisation et de responsabilité », a-t-il précisé lors de sa visite à Touggourt. En relevant « une absence de volonté » et « d'esprit d'initiative », le ministre a regretté que « beaucoup de projets notamment dans le Sud soient à l'arrêt » et qu'il a suffi de quelques appels pour les achever et les réceptionner. « Nous devons changer la manière avec laquelle les projets sont gérés. Il n'y aura plus de place pour les gens irresponsables et ceux qui veulent semer la pagaille », a-t-il dit. Il a indiqué, dans ce contexte, que l'occasion ne sera pas donnée « à ceux qui veulent casser le secteur en criant à la pénurie de l'eau ». « Certains parlent dans les coulisses et crient à la pénurie de l'eau alors que de gros investissements ont été consentis dans le cadre du programme présidentiel pour réaliser des stations de dessalement dans le Sud », a-t-il indiqué. « Je ne permettrais pas de perturber ou de saboter les réalisations du chef de l'Etat », a-t-il ajouté. Abdelkader Ouali a appelé les entreprises de son secteur à « améliorer » la distribution et la qualité de l'eau étant donné que les quantités de cette ressource produites par les eaux souterraines, le dessalement et les forages sont supérieures à la demande. « Nous devons améliorer la distribution et la déminéralisation de l'eau puisque les projets menés depuis 1999 à ce jour ont permis d'avoir l'autosuffisance en eau », a-t-il relevé. Il a expliqué que le problème de la non-disponibilité de l'eau dans certaines régions est due à « la mauvaise qualité du réseau » ou aux « branchements illicites et fuites d'eau ». A ce propos, le ministre a annoncé le lancement d'une opération de rénovation du réseau de distribution et d'irrigation dans 11 wilayas. Il a précisé également que « les branchements illicites » et « les fuites » d'eau constituent une importante quantité d'eau perdue. « Il y a 13.000 cas de branchements illicites et 42.000 fuites d'eau enregistrés par nos services. Pour le branchement illicite, cela représente 2 millions m3, ce qui est important », a-t-il expliqué. Ouali a précisé que la quantité d'eau produite en Algérie est passée de 1,2 milliards m3 en 1999 à 3,6 milliards m3 actuellement. Outre les 31 barrages réalisés en 15 ans, 5 autres seront réceptionnés en 2017. « Nous sommes tenus de préserver cette ressource pour laquelle un investissement colossal a été consenti », a-t-il dit. Le ministre, qui a procédé à l'inauguration de deux filières de la station de déminéralisation de Touggourt qui aura, ainsi, une capacité de 30.000 m3/jour, a affirmé que « l'entrée en service de cet équipement dès aujourd'hui permettra à la population d'avoir une eau potable et allégée de toutes les minéraux ». Interrogé sur le projet de 1 million d'hectares de terres irriguées, Ouali a souligné que 370.000 ha sont pris en charge par son secteur dont 40% sont en cours de réalisation alors que 160.000 ha sont au stade de l'étude. « Nous allons contribuer à la réalisation de ce projet à travers l'identification et l'orientation des agriculteurs vers les barrages, les forages et les stations de traitement d'eau réalisés. Dans certaines wilayas, comme Chlef dont 32 communes sur 35 sont alimentées à partir des projets de dessalement, la ressource sera orientée exclusivement vers l'agriculture », a-t-il expliqué, précisant que la réussite de ce travail exige « une coordination étroite avec les services agricoles ». Ouali a insisté, par ailleurs, sur la mise en place « d'une coopération » entre l'Etat, la société civile et les opérateurs publics et privés pour régler les problèmes de gestion des déchets. « Il est temps d'instaurer une gestion selon les normes économiques dans les institutions et administrations publiques pour une plus grande efficacité et rentabilité de tous les projets initiés dans ce secteur », a-t-il indiqué. La mise en place de cette coopération public-public ou public-privé va être possible dans le cadre du nouveau code communal étant donné que cela « n'est pas contre l'intérêt général ». Le ministre a expliqué que le nombre des entreprises d'assainissement est passé de 5 en 1999 à 3.000 actuellement. Aujourd'hui, 120 stations d'enfouissement sont opérationnelles et 21 autres sont en cours de réalisation. « Nous avons le cadre juridique, les stations et des entreprises aptes, nous devons donc passer à la rentabilité de ces projets à travers une gestion digne d'une grande civilisation », a-t-il déclaré, précisant que la prise en charge de l'environnement doit être « un projet social » à qui il faut accorder tout l'intérêt voulu.