Les champs labourés, envahis après le récent épisode pluvieux par les herbes, ainsi que les bosquets formés de maquis et de pinèdes déroulant leur beauté luxuriante accompagnent l'usager de la voie express qui traverse une bonne partie de la wilaya d'est en ouest en lui dévoilant leurs atours que seuls les rayons d'un soleil d'hiver peuvent mettre en valeur. « La beauté naturelle de Tipasa se décline au gré des saisons. Si son charme estival est connu de tous, son portrait que lui esquisse l'hiver fait ressortir davantage sa beauté qui parvient invariablement à vaincre la morosité des nuages gris. Chaque saison la nature à Tipasa se mue pour offrir ce qu'elle a de mieux. Malgré le béton qui la transgresse de toutes parts, elle se bat pour rester coquine », philosophe Saïd, un jeune poète de Tizi Ouzou, rencontré au port de Tipasa. Le pèlerinage à Tipasa, Saïd le savoure à chaque fois que l'occasion se présente. Inspiration oblige, il cherche sa muse un peu partout. En été comme en hiver il trace sa route jusqu'à Tipasa depuis sa Grande Kabylie pour ciseler les mots. « Les gens ont souvent tendance à préférer l'été de Tipasa au reste de l'année. Pour moi, on ne peut pas confiner son charme et l'apprécier juste dans l'espace que prennent les grandes vacances. Tipasa, c'est aussi son printemps, son automne et son hiver. Tipasa est un tout qui se savoure de janvier à décembre. Je lui voue un éternel amour », confie-t-il. Avant de nuancer : « Malheureusement, sa beauté naturelle est souvent pour ne pas dire perpétuellement assaillie par l'incivisme des gens qui salissent avec leurs ordures ce bel environnement. Pour moi, ils sont aveugles d'esprit. » Si Saïd préfère taquiner sa muse en la pourchassant à travers les dédales et les vestiges du parc archéologique ouest de la ville, communément appelé les ruines romaines, des dizaines de familles et de groupes d'amis optent pour les espaces récréatifs et les vastes clairières des forêts de la wilaya. L'un de ses endroits prisés est situé entre Bou-Ismail et Fouka, à la lisière de la voie express qui monte du Oued Mazafran où finit la rocade sud d'Alger. En effet, ce terrain vague faisant face à la mer et enserré dans un bosquet en forme d'une bande délimitée au sud par quelques maisons et des champs agricoles, attire de plus en plus de monde ces dernières années. « Avant personne ne s'intéressait à ce lieu. Ce n'est plus le cas maintenant. Dès qu'il fait beau, il grouille de familles. C'est une attraction que les familles ont découvert peu à peu », résume, l'histoire des lieux, Ahmed de Bou-Ismail. L'espace en question est vite repérable depuis la voie express. Des voitures forment des fois une grande file en aval du site. « Rien que durant ces vacances je suis venu ici deux fois avec mes enfants. Ici ils se défoulent et se revitalisent avant l'entame du deuxième trimestre », confie un père de famille d'Alger qui avoue avoir découvert les lieux par pur hasard. « Au printemps de l'année dernière, j'ai fait un saut en famille à Tipasa, histoire de visiter les ruines romaines. Au retour, vers la fin de l'après-midi, j'ai remarqué que de nombreuses familles s'étaient installées ici. L'endroit m'a fortement plu et depuis ce jour là, je l'ai inscrit pour ainsi dire sur mon agenda des évasions », raconte-t-il. En hiver, l'espace dans sa quasi-immensité se pare d'un vert clair que brodent les innombrables herbes folles qui y poussent à profusion. Des sillons de couleur ocre que façonnent les interminables courses des enfants tissent leurs trajectoires jusqu'à la limite des bosquets environnants, là où des jeux pour enfants sont installés à leur grand bonheur. Ici où ailleurs à Tipasa, Dame Nature s'efforce toujours à rendre la visite de ses hôtes agréable et inoubliable. « Malheureusement, il est des familles indélicates qui oublient facilement l'hospitalité généreuse de la nature. Sinon comment expliquer qu'elles ne peuvent même pas ramasser leurs déchets en repartant chez elles », s'indigne Ahmed de Bou-Ismail.