Le carnage d'Istanbul a fait 39 morts, dont au moins 15 étrangers. « D'une façon sauvage et impitoyable, il a mitraillé des personnes qui étaient simplement venues célébrer le Nouvel An », a déclaré le gouverneur d'Istanbul, Vasip Sahin. Selon la chaîne d'information NTV, plusieurs personnes ont plongé dans le Bosphore pour échapper aux coups de feu. Si jusque-là l'attaque n'a pas été revendiquée, le président Erdogan a affirmé, dans un communiqué publié par la Présidence, que l'attentat visait à « semer le chaos dans le pays », en promettant de combattre « jusqu'au bout non seulement les attaques armées de groupes terroristes et les forces derrière eux, mais aussi leurs attaques économiques, politiques et sociales ». En partenaire actif de l'accord global de cessez-le-feu en Syrie, mobilisée également dans la lutte contre le groupe terroriste Daech assiégé depuis plusieurs semaines dans la ville d'Al-Bab et engagée dans le conflit kurde, la Turquie d'Erdogan ébranlée de surcroît par le coup d'Etat avorté n'en finit pas de vivre les retombées de la situation explosive dans la région. Depuis un an, elle a été la cible de nombreuses attaques qui ont notamment ensanglanté Ankara et Istanbul, où, il y a à peine trois semaines, un attentat, revendiqué par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a fait 45 morts, dont une majorité de policiers. En mars dernier, Daech a frappé durement sur la célèbre avenue Istiklal d'Istanbul (4 touristes tués et 36 blessés) et, en juin, à l'aéroport Atatürk (47 morts). La menace de Daech plane sur la région en ébullition et placée sous haute surveillance. Le Nouvel An s'est logiquement drapé de mesures de sécurité draconiennes, particulièrement en Turquie, déployant 17.000 policiers eux aussi déguisés en père Noël. Baghdad a été, elle aussi, frappée par un double attentat-suicide, qui a fait au moins 27 morts. A Tartous (Syrie), un attentat à l'explosif a fait deux morts. Sur tous les continents, la sécurité était au cœur des préoccupations : à New York quadrillé par quelque 7.000 policiers, à Berlin cerné de blocs de béton et véhicules blindés placés aux abords de la Porte de Brandebourg, à Moscou où la célèbre Place Rouge a été fermée au grand public et son accès limité à 6.000 invités. Le défi terroriste, sous quelque forme que ce soit, est sérieusement appréhendé. L'allié russe invoque le « devoir commun qui est de répondre de manière décisive à l'agression terroriste ». Tout en présentant ses plus sincères condoléances à son homologue Recep Tayyip Erdogan, le président Vladimir Poutine a affirmé qu'il « est difficile d'imaginer un crime plus cynique qu'un massacre de civils innocents au milieu de la fête du Nouvel An. Mais la notion de moralité humaine n'existe pas pour les terroristes ». Le carnage d'Istanbul a suscité la détermination américaine décidée de travailler avec Ankara pour « contrer le fléau du terrorisme ». Dans un communiqué, le porte-parole adjoint du département d'Etat américain, Mark Toner, a indiqué que les Etats-Unis sont « solidaires de la Turquie dans sa lutte contre la menace continue du terrorisme ». Le Nouvel An ensanglanté marque-t-il le prix d'une si jeune paix confrontée à la menace terroriste ?