Photo : Fouad S. Les « changements » et les « réformes » annoncés par le président de la république ne constituent pas « une réaction » à la donne politique actuelle, mais figuraient déjà dans l'agenda présidentiel depuis son investiture, a affirmé, hier, M. Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président de la république, secrétaire général du l'instance exécutive du FLN sur les ondes de la radio nationale. Le chef de l'Eta a réalisé quelques réformes et le reste « arrive », a-t-il poursuivi, en estimant que la lettre du chef de l'Etat, adressée au peuple à l'occasion du 19 mars, précise, implicitement, qu'il y a consensus autour d'un éventuel changement, mais celui-ci « doit intervenir de l'intérieur sous la gestion du président de la République à travers la révision de nombreuses lois, à l'exemple du code électoral, la loi sur les partis, de l'information et des associations qui devront réorganiser la vie politique du pays », déclare Belkhadem. Les priorités de l'heure diffèrent d'une formation politique à une autre. L'une veut aller vers une assemblée constituante, l'autre vers une révision de la Constitution. L'important, selon l'invité de l'émission Tahaoulet de la chaîne I, serait de contribuer au développement du pays à travers des alternatives et des programmes qui traduisent les ambitions citoyennes. Pour le FLN, le changement doit passer par un amendement de la loi fondamentale du pays qui précise la nature du régime, qui élargit les prérogatives de la représentation populaire, et qui constitutionnalise le contrôle sous toutes ses formes. En plus de la nécessité de procéder à la révision des lois soulignées par le président de la République dans son dernier message. D'où l'entame de différentes « consultations », affirme Belkhadem, convaincu « que l'avis de la majorité va assurément l'emporter sur la minorité qu'il faut également respecter ». ASSEMBLEE CONSTITUANTE : «UN DENI DES ACQUIS DE L'ALGERIE» A propos des décisions du dernier conseil des ministres, le représentant personnel du président de la République se dit favorable à l'ouverture des médias lourds aux partis de l'opposition, en réitérant, dans ce sillage, son souhait de dépénaliser l'acte journalistique et d'ouvrir le champ audiovisuel. Le « changement » proclamé çà et là de la part de parties plaidant pour une refonte « à zéro » du système algérien constitue, pour lui, «une revendication insensée », à l'exemple de l'appel au retour à l'assemblée constituante, qu'il rejette catégoriquement en estimant que cela constitue « un déni de tous les acquis réalisés par l'Algérie depuis 1962 ». Quant à la révision de la constitution, celle-ci doit intervenir sur proposition du chef de l'Etat, « garant de la constitution », dira-t-il, et non à l'issue d'une conférence nationale qui ne représente pas une instance constitutionnelle. Interrogé, par ailleurs, sur un éventuel remaniement ministériel, Belkhadem indique qu'il interviendra lorsque le chef de l'Etat aura choisi le moment opportun. Seulement, précise-t-il, la nouvelle composante du gouvernement n'intégrera certainement pas l'opposition, étant donné que les positions de celle-ci sont déjà connues. «Elle a de tout temps refusé de participer à la gestion des affaires de l'Etat, mais cela ne l'empêche pas de s'ériger en un véritable contre pouvoir », d'après l'invité de la radio. «PAS DE CRISE POLITIQUE ENTRE LES POUVOIRS EXECUTIF ET LEGISLATIF» A la veille des élections législatives de 2012, le SG du FLN affirme que son parti s'opposait à l'idée de dissolution du Parlement et d'organisation d'élections législatives anticipées, d'autant plus que le mandat de l'assemblée touche à sa fin. «Il n'existe pas de crise politique entre les pouvoirs exécutif et législatif », argue-t-il. Durant l'année qui nous sépare de ce scrutin, Belkhadem estime qu'il faudrait réviser la loi électorale, celle des partis, réviser les listes électorales, mener les campagnes y afférentes, entres autres tâches à établir avant l'intervention de cette date cruciale. Les mouvements de protestation sont motivés par des problèmes de positionnement, et la grogne de la rue est une chose normale, estime Belkhadem qui parle de 5.000 mouvements de protestation recensés en 2010. Pour parer à cette situation, il faudrait analyser les événements de janvier dernier, même si la majorité des citoyens refusent de s'aventurer sur la paix sociale du pays par crainte de dérapages, indique-t-il. Pour ce qui est de la Libye, Belkhadem affirme qu'il rejette le recours à des parties étrangères pour le règlement des conflits, car le conseil de sécurité a lui aussi besoin de réformes. La solution : s'unir autour des instances arabes fonctionnelles et non fonctionnelles, intérêt de la région oblige. Le sommet arabe se tiendra assurément, mais il ne faut pas s'attendre à ce qu'il soit porteur de changements palpables pour l'intérêt du monde arabe, conclut-il.