Photo : Fouad S. A l'instar des autres grands centres urbains du pays, l'immobilier dans la capitale de l'Est, est en crise, et ce, malgré les efforts considérables consentis par l'Etat, notamment en matière d'aide aux logements toutes formules confondues. La demande reste toujours forte, alors qu'en dix années deux nouvelles villes, Ali Mendjeli et Massinissa, ont été érigées toutes les deux dans la commune du Khroub. Certes, l'ambitieux programme a résorbé une grande partie des requêtes des citoyens, particulièrement les habitants des anciens bidonvilles, mais les milliers d'appartements construits durant le dernier quinquennat ne suffisent plus. La débrouille est ainsi devenue «un sport national» en particulier pour la classe moyenne. Les plus touchés par la crise sont sans doute les nouveaux couples qui, en attendant de bénéficier de l'une des formules proposées actuellement (logements sociaux, LSP ou promotionnels) sont dans l'obligation de recourir à la location de maisons et de débourser de grandes sommes. Difficile donc de faire des économies quand on sait que les prix de la location sont exagérés, voire même gonflés en raison des intermédiaires qui exploitent la forte demande et spéculent comme bon leur semble. Et si dans certains quartiers du centre-ville tels que Coudiat, le boulevard Belouizdad ou encore l'avenue Abane Ramdane, la cherté du bail s'explique par l'emplacement et l'état de l'immeuble, les appartements d'un certain standing sont généralement destinés aux professions libérales et aux cabinets médicaux. Les autres coins de la ville par contre ne présentent aucun atout particulier mais restent quand même assez chers pour ceux qui sont à la recherche d'un toit. Les cités les plus en vogue ces dernières années sont le 20-Août 1955, le 5 Juillet, les Terrasses ou encore Boussouf. Des bâtiments construits pour la plupart dans les années 1970, et, en admettant qu'ils soient bien conservés, sans exagération on peut affirmer que les contrats de location se négocient actuellement à partir de 20 000 dinars le mois pour un F2. «J'ai un F3 à la cité du 20-août 1955, mais il faut compter au moins 27 000 ou 28 000 DA, car il est en bon état, et si vous voulez quelque chose de mieux, je peux vous trouver un appartement à 40 000 DA tout équipé». Telles sont les propositions des agences immobilières. «Ils ne vous laissent jamais l'occasion de rencontrer les propriétaires pour ne pas négocier les prix. Ce sont eux qui décident des prix de location et les maintiennent. Je ne crois pas vraiment qu'il y a une crise et même si on assiste à une forte demande, c'est de la pure spéculation. Maintenant je comprends pourquoi l'Etat veut régulariser cette profession, il y a beaucoup de tricheurs, ce sont ces agences qui sont derrière la flambée des prix de l'immobilier», regrette un futur marié qui cherche désespérément à louer un appartement à bon prix. Trop cher pour un appartement qui en plus peut s'avérer être en délabré et en piteux état, il faut alors débourser encore de l'argent pour le restaurer. L'ultime recours serait alors de voir ailleurs, les petites bourses louent généralement des maisons dans les quartiers populaires pour un petit prix, alors que pour les classes moyennes, nombreuses sont les familles qui ont fui le centre-ville pour aller s'installer dans les nouvelles banlieues. Le cas d'Ali Mendjeli est assez particulier puisque un F3 par exemple est loué à moins de 15 000 DA. Il y a certes, le problème de transport, mais cette option est de plus en plus envisagée, surtout que les appartements sont neufs et le loyer pas cher.