Photo : Fouad S. Ce ne sont pas tous les Algériens et Algériennes qui ont eu la chance de célébrer la première journée et peut-être même la deuxième journée de la fête de l'Aïd el Fitr chez eux, au chaud auprès de leur famille. Il y a cette frange de la société, fonction oblige, contrainte de fêter la fin du jeûne loin des siens, pour assurer la continuité du service. Il s'agit de ces médecins et infirmiers qui sont de garde dans les hôpitaux, des éléments de la protection civile qui sont de permanence, aux aguets et également les agents policiers et de sécurité, chargés de veiller à la sécurité des citoyens, dont les barrages sont dressés un peu partout dans le pays ou encore les pompiers, dans leurs casernes. Au niveau des hôpitaux, le personnel médical et paramédical ne se contente pas d'assurer le service des urgences. Il contribue également à rendre la fête plus agréable aux malades, à compenser en quelque sorte l'absence de leurs familles, à remettre aux tout petits les cadeaux que les âmes charitables ont généreusement offerts. «Sauver une vie humaine est plus important et est maître celui qui est au service de son prochain», estime le docteur Tahar Mokhtari, médecin généraliste à l'hôpital d'Aflou à Laghouat, qui considère son effort non comme un sacrifice mais un devoir sacré pour tout un chacun d'autant plus que la fête se déroule dans une ambiance familiale et par ce fait, ne se sent nullement dépaysé. De son côté, le sergent Rabah Boudraâ, de service à l'unité principale de la protection civile de Ali Mendjeli à Constantine, affirme également que passer la fête de l'Aïd avec les collègues dans la caserne n'est pas un sacrifice, mais un devoir qui découle de la vocation de servir. Cependant, il ne cache pas son désir de passer plus de temps avec sa famille. «Passer un week-end ou une fête avec mon épouse et mes enfants, est quelque chose d'exceptionnel. En 23 ans de service, mis à part quelques rares occasions, j'ai passé toutes les fêtes de l'Aïd au travail, avec mes collègues, prêt à intervenir à tout moment», dit-il en ajoutant que «servir dans la protection civile signifie, de fait, que l'on renonce presque totalement au plaisir de s'attarder au lit, un matin de l'Aïd, en attendant que les enfants mettent leurs vêtements neufs, impatients de sortir en ville, dépenser les pièces de monnaie offertes par les visiteurs, ou pour la traditionnelle photo au studio du quartier.» Les agents de sécurité n'ont pas aussi ce plaisir. A niveau des barrages qu'ils ont dressés, ils observent le va et vient des enfants déambuler avec leurs jouets, tout en ayant certainement une pensée pour leurs familles et leur enfants qui fêtent l'Aid loin de leur papa. Mais ils doivent sûrement comprendre que le devoir passe avant la fête.