Le 17 octobre prochain, l'Algérie commémore «La bataille de Paris» ou la sauvage répression de cet automne 1961, qui s'est abattue sur les marcheurs pacifiques algériens qui manifestaient pour l'indépendance de leur pays. Ce triste anniversaire est rappelé par la voix et le verbe de Kateb Amazigh dans un nouvel album. Après une longue absence, Amazigh Kateb, le chanteur gnawi, parcourt les scènes de France avec, dans son goumbri, ses anciennes chansons, mais aussi du neuf. En tournée depuis mai dernier, Amazigh Kateb s'est produit le 20 août dernier en cours au festival Rio Loco de Toulouse, avec pour thème cette année le Maghreb central. Notre star de la musique gnawie y a rencontré plusieurs autres figures de proue de la chanson maghrébine, dont Hasna El-Becharia, Idir, Najat Aatabou, Biyouna, Djamel Laroussi, Belkacem Bouteldja et tant d'autres. Le sulfureux ex-leader du groupe «Gnawa Diffusion», après sa séparation avec la formation la plus glamour de la planète sud, Amazigh a passé une année à traîner la savate un peu partout, histoire de changer d'air (de musique), de faire des rencontres, batifoler entre l'Afrique, l'Europe et l'Amérique latine pour en récolter le pollen de ses chansons. Voilà qu'il revient aujourd'hui avec un nouvel «attentat verbal» : Bush méte (Bush est mort), son tout dernier titre, autoproduit cette fois et téléchargeable gratuitement sur son site Internet. Une chanson célébrant la fin d'un prédateur et la naissance, pour ainsi dire, d'un nouvel Amazigh. Mais la «mort» de Bush n'est qu'un prologue à un nouvel album solo dont la sortie est prévue pour le 17 octobre prochain. Date loin d'être fortuite puisque c'est le 48e anniversaire du massacre des immigrés algériens sortis manifester dans les rues de Paris, en 1961. Cet opus aura de quoi charmer les fans du fils et les adulateurs du père, puisque Amazigh y reprend deux poèmes de jeunesse du défunt Kateb Yacine «Bonjour» et «Africa», a-t-on relevé dans un entretien sur le site Afrik.com. Malgré la douloureuse rupture avec son groupe mythique, que plusieurs de ses fans ont du mal à accepter, Amazigh ne rompt pas pour autant avec le style musical de «Gnawa Diffusion». Ses nouvelles chansons sont toujours aussi métissées, balançant entre le chaâbi, le reggae, le ragga, le raï et l'électro mais avec, cette fois-ci, un plus large espace concédé à la voix et au verbe.