Serait-ce alors la solution mauritanienne soft ou, à l'extrême, le syndrome iranien qui s'imposera en définitive ? De retour au Honduras, le président déchu Manuel Zelaya a défrayé la chronique en élisant domicile à l'ambassade du Brésil. Pour rocambolesque qu'elle soit, l'histoire mouvementée d'une rentrée spectaculaire et inattendue a pris les allures d'un feuilleton de série « B » : un long périple de 15 heures dans la malle d'une voiture tractée et un cri de ralliement populaire à la Barak Obama scandé aux abords de l'ambassade brésilienne prise d'assaut par ses partisans. «Il a fallu un effort international extraordinaire, se déplacer dans divers pays, changer de moyen de transport, élaborer des plans pour éviter les contrôles militaires et les cordons de police», précise le président Zelaya pourtant sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Le défi sonne l'urgence affirmée de la restauration de la légalité et de la légitimité constitutionnelle vaillamment défendues et interpellant «les forces armées (qui) doivent tourner les fusils contre les ennemis du peuple, pas contre le peuple». De fait, le combat légitime de la sauvegarde de la démocratie ébranlée fragilise un pouvoir militaire aux abois et mis au banc de la communauté internationale serrant le cordon de la bourse dans un pays où près de 70% de la population vit au dessous du seuil de pauvreté. La condamnation de l'ONU et la suspension des financements européens et latino-américains marquent un désaveu cinglant du coup d'Etat de cet été chaud. «Si le régime ne cède pas, les mesures de la communauté internationale vont redoubler et le peuple hondurien va également prendre des mesures», avertit Zelaya. La marche rédemptrice sur Tegucigalpa se veut ainsi une tentative de réhabilitation du processus démocratique qui n'exclut pas la recherche d'un «rapprochement» pour une sortie de crise par les moyens pacifiques et négociées. A l'heure de l'échec de la médiation régionale, le bras de fer opposant un président détenteur de la légitimité, soutenu par ses pairs de l'Amérique latine sans être désavoué par Washington, et un pouvoir militaire coercitif, qualifie «le vrai casse-tête» hondurien de scénario aux lendemains des plus imprévisibles. Serait-ce alors la solution mauritanienne soft ou, à l'extrême, le syndrome iranien qui s'imposera en définitive ?