A la surprise générale, le président déchu du Honduras, Manuel Zelaya, rentré clandestinement à Tegucigalpa en se réfugiant à l'ambassade du Brésil, a appelé l'armée à « retourner ses fusils contre les ennemis du peuple » tout en se disant prêt au dialogue. M. Zelaya est revenu dans son pays à un moment crucial, à la veille de l'assemblée générale des Nations unies qui doit réunir aujourd'hui, à New York, les leaders du monde entier. Prises de court, les autorités en place au Honduras ont mis en œuvre des mesures exceptionnelles. Le président de facto, Roberto Micheletti, a décrété un couvre-feu, annoncé la fermeture de quatre aéroports internationaux et demandé au Brésil de livrer Manuel Zelaya afin de le juger. Renversé par les militaires le 28 juin dernier et exilé au Nicaragua, M. Zelaya a, toutefois, affirmé avoir pris contact avec les autorités en place. Réagissant rapidement, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a estimé que le retour de Zelaya offrait une chance de résoudre la crise. « Maintenant que le président Zelaya est de retour, il serait opportun de le rétablir dans ses fonctions (...), organiser les élections (...), garantir une transition pacifique (...) et rétablir l'ordre constitutionnel et démocratique », a déclaré Mme Clinton à New York. Le président déchu a réaffirmé sa volonté de revenir au pouvoir. « Ma position est la suivante : la patrie, la restitution (du pouvoir) ou la mort », a-t-il affirmé, ajoutant que ses partisans se rassembleraient de plus en plus nombreux devant l'ambassade du Brésil pour le soutenir. L'Union européenne l'a implicitement rappelé à l'ordre soulignant « l'importance d'une solution négociée ». Auparavant, lors d'une rencontre à l'ambassade avec des journalistes, M. Zelaya avait raconté être revenu dans son pays au bout d'un « très long périple de 15 heures ». « Il a fallu effectuer plusieurs déplacements dans divers pays, changer de moyen de transport, élaborer des plans pour éviter les contrôles militaires, les cordons de police et autres systèmes de contrôle en vigueur », a-t-il expliqué. Mais le pouvoir en place ne semble guère disposé à un compromis. « L'Etat du Honduras s'engage à respecter les droits de M. Zelaya dans un procès en bonne et due forme », a annoncé le président Micheletti que les militaires avaient placé à la tête de l'Etat et que la communauté internationale n'a pas reconnu. M. Micheletti était apparu à la télévision entouré de ses ministres, des chefs de l'armée et de la police et des industriels qui ont appuyé le coup d'Etat.