Quatre mois après le renversement du président hondurien Manuel Zelaya, les militaires acceptent le retour au dialogue et la candidature du président déchu aux élections prévues pour novembre. Le président putschiste du Honduras, Roberto Micheletti, a accepté jeudi soir, dans une déclaration officielle, la perspective du retour au pouvoir du président déchu Manuel Zelaya, qui devra être votée par le Congrès. Micheletti, le président du Congrès porté au pouvoir par le coup d'Etat qui avait chassé Zelaya du pays le 28 juin dernier, résistait depuis obstinément aux pressions de la communauté internationale, qui condamnait son gouvernement et réclamait, sanctions économiques et diplomatiques à l'appui, le rétablissement de Zelaya dans ses fonctions. Il a fini par céder, jeudi, après une relance des pourparlers avec l'équipe de Zelaya sous la pression du délégué américain pour l'Amérique latine, Thomas Shannon, envoyé à Tegucigalpa par le président américain Barack Obama. Les Etats-Unis n'aiment pas particulièrement le président déchu Manuel Zelaya et son rapprochement avec le président vénézuélien Hugo Chavez. Mais accepter sa destitution serait une manière de légitimer un coup d'état en Amérique latine. "Sans un accord, il sera difficile à la communauté interaméricaine de soutenir les élections" présidentielle et législatives, prévues le 29 novembre, avait averti Shannon lors d'une conférence de presse. "J'ai le plaisir d'annoncer que, voici quelques minutes, j'ai autorisé mon équipe de négociateurs à signer un accord marquant le début de la conclusion à la situation politique du pays", a indiqué Micheletti dans une déclaration depuis la présidence, peu après 22H00 locales. Cet accord porte sur "la possibilité du rétablissement dans ses fonctions" de Zelaya, après approbation du Congrès d'une proposition d'abord soumise à la Cour suprême, ce qui permettrait le "retour de l'ensemble du pouvoir exécutif antérieur au 28 juin 2009", a-t-il déclaré. L'équipe de Micheletti avait annoncé en fin d'après-midi la perspective de cet accord en vue du rétablissement de Zelaya dans ses fonctions. L'accord porte aussi sur la formation d'un gouvernement de réconciliation et l'organisation de l'élection présidentielle le 29 novembre comme prévu, a ajouté Micheletti, en demandant à la communauté internationale de lever les sanctions prises contre le Honduras depuis le coup d'Etat. Par cet accord, Micheletti accepterait enfin, après quatre mois de résistance aux pressions internationale, le plan de sortie de crise proposé en juillet par le médiateur, le président costaricien Oscar Arias. A une différence près, l'amnistie politique avancée par Arias et rejetée jeudi par Micheletti: une commission devrait être chargée d'enquêter sur ce qui s'est passé avant, pendant et après le coup d'Etat, a-t-il expliqué. Zelaya avait été renversé par la force le 28 juin, à l'aube d'une consultation populaire, considérée par Micheletti et la majorité du Congrès comme une violation de la Constitution, en vue de briguer un mandat supplémentaire. Rentré clandestinement au Honduras le 21 septembre, le président déchu est réfugié depuis à l'ambassade du Brésil. Jeudi, après plusieurs jours de calme dans les rues de Tegucigalpa, la capitale, la police a dispersé à coups de matraques et à grand renfort de gaz lacrymogènes plusieurs centaines de manifestants pro-Zelaya regroupés à proximité de l'hôtel du centre de la capitale où se déroulaient les pourparlers entre les deux camps rivaux. Plusieurs manifestants ont été légèrement blessés.