Objectif : trouver une solution pacifique à ce conflit interne à la lumière des recommandations du Comité ad hoc de l'UA qui s'était réuni la veille dans la capitale éthiopienne. M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a pris part à ces deux réunions en sa qualité de représentant d'un pays voisin de la Libye pour réaffirmer que la position algérienne se base sur le principe de « non ingérence dans les affaires intérieures d'autrui » n'en déplaise aux rebelles libyens et que l'UA est « la seule à pouvoir négocier avec les deux parties ». Fait nouveau : le CNT qui a fait son premier déplacement en Ethiopie ne rejette pas globalement et dans le détail la « feuille de route » qui prévoit « une cessation immédiate de toutes les hostilités ». Elle serait « à l'étude », affirme Abdallah Alzuberi, ancien ambassadeur de Libye en Afrique du Sud passé dans le camp de l'opposition. La position de l'UA serait-elle mieux comprise après la rencontre d'Addis-Abeba jugée « encourageante » par Noureddine Mezni, le porte-parole de Jean Ping, le président de la Commission de l'UA ? Les rebelles « nous ont dit qu'ils sont prêts à coopérer avec nous. Ça nous encourage à continuer la discussion avec eux afin de réaliser la paix. Mais la paix passe aussi par la nécessité absolue d'avoir un cessez-le-feu », dit-il. Abdelati Obeidi dont le gouvernement a accepté la feuille de route dans son intégralité depuis fin mars, ne partage pas cet optimisme. Pour lui, l'attitude du CNT envers ce plan de paix, le départ de Kadhafi et de ses enfants comme préalable à toute négociation qu'il pose « ne facilite rien ». «Personne ne rejette cette feuille de route à l'exception des Libyens de Benghazi. Ils devraient suivre leur bon sens, suivre la communauté internationale, s'asseoir avec nous et parler de nos différends. A commencer par le cessez-le-feu, les observateurs et alors nous pourrons parler des aspirations légales des Libyens, de tous les Libyens », dit-il. Autrement dit, chaque partie garde le cap. Autre fait significatif : les deux délégations qui ont été reçues hier après-midi séparément pas les médiateurs africains n'ont engagé aucun dialogue direct entre elles. Malgré les 30.000 morts des deux bords. Mais fallait-il en attendre plus des rebelles de Benghazi dont la majorité sont des partisans de la famille du Roi soutenue par les islamistes et l'OTAN qui bombarde les civils ? Et surtout avant la réunion du groupe de contact sur la Libye qui se tiendra le jeudi 5 mai à Rome. « L'adoption d'agendas d'autres parties non africaines en Libye a eu un effet négatif sur la mise en œuvre de la feuille de route proposée par l'Union africaine pour résoudre cette crise », répond Ramtane Lamamra, le commissaire pour le CPS, tout en reconnaissant l'existence de « tentatives » pour écarter toute solution africaine à cette crise libyenne.