Les efforts africains destinés à trouver une solution pacifique au conflit en Libye se poursuivaient, mardi à Addis-Abeba, où a lieu une réunion ministérielle du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine pour examiner la crise libyenne à la lumière des conclusions de la réunion, la veille, du Comité ad hoc de l'UA. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines prend part à cette réunion consacrée essentiellement à la Libye et à laquelle l'Algérie a été invitée "en sa qualité de pays voisin de ce pays en conflit interne". L'Algérie a, maintes fois, réaffirmé sa position à l'égard de la crise en Libye qui est celle de l'UA basée sur le principe de "non ingérence dans les affaires intérieures d'autrui". Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a affirmé lundi que les tentatives du Conseil transitoire libyen (CNT, rebelles libyens) visant à faire changer à l'Algérie sa position diplomatique vis-à-vis du conflit en Libye "sont vaines" soulignant, par ailleurs, que l'UA "est la seule à pouvoir négocier avec les deux parties en Libye". Dans une nouvelle tentative de rapprocher les points de vues entre les camps belligérants en Libye, le CPS de l'UA examine les moyens de sortir le pays de cette crise, au cours de sa réunion, ouverte mardi dans la capitale éthiopienne, dont l'ordre du jour porte sur les questions de paix et de sécurité en Afrique. Cette réunion s'inscrit dans le cadre des efforts de la médiation de l'organisation panafricaine pour une issue pacifique à la crise qui prévaut en Libye, déclenchée à la mi-février par des manifestations contre le régime en place qui ont dégénéré par la suite en combats entre forces loyales et rebelles. A cet effet, le CPS avait élaboré, au cours de sa 265e réunion tenue en mars dernier à Addis-Abeba, une feuille de route sur la résolution du conflit en Libye prévoyant notamment une "cessation immédiate de toutes les hostilités". Le plan africain qui souligne aussi la nécessité "de la coopération des autorités libyennes concernées pour faciliter l'acheminement diligent de l'assistance humanitaire aux populations dans le besoin et de la protection des ressortissants étrangers en Libye", a été accepté depuis fin mars par le régime du colonel Maammar El-Gueddafi. La feuille de route qui appelle également à "engager un dialogue entre les parties libyennes et à assurer la gestion inclusive d'une période transitoire en vue de l'adoption et la mise en œuvre des réformes politiques nécessaires pour l'élimination des causes de la crise actuelle" a été, en revanche, rejetée par les rebelles libyens, lors d'une visite en Libye, plus tôt ce mois-ci, d'une délégation de présidents africains mandatés par l'UA. Mais les rebelles libyens basés à Benghazi (est de la Libye) et représentés par le Conseil national de transition (CNT) semblent revenir sur leur rejet catégorique en affirmant, lundi à Addis-Abeba lors de la réunion du Comité ad hoc de l'UA, que le plan de paix africain "est à l'étude". "Nous avons eu une très bonne réunion (avec l'UA) et nous avons répondu à leurs questions", a dit le représentant du CNT, Abdallah Alzuberi, ancien ambassadeur de Libye en Afrique du Sud passé dans le camp de la rébellion qui exige le départ du colonel El-Gueddafi, comme préalable à toute solution négociée au conflit. Pour Noureddine Mezni, porte-parole du président de la Commission de l'UA, Jean Ping, "la position (de l'UA) est mieux comprise" désormais par le CNT, pressé par l'Union africaine de coopérer pleinement pour une solution politique à la crise libyenne. M. Mezni s'exprimait ainsi à l'issue d'une rencontre entre le panel de l'UA sur la Libye, lundi en fin de journée tour à tour avec une délégation du gouvernement libyen puis une délégation des rebelles du CNT qui faisait pour la première fois le déplacement à Addis-Abeba, une rencontre jugée "encourageante" par l'UA. "La présence pour la première fois (à Addis-Abeba) de membres du CNT est un début encourageant pour qu'on continue le dialogue et pour qu'on arrive à un cessez-le-feu" en Libye, a dit le porte-parole de M. Ping. Pour sa part, le représentant du gouvernement libyen, le ministre des Affaires étrangères Abdelati Obeidi, a cependant critiqué l'attitude des rebelles envers la feuille de route de l'UA qui selon lui, "ne facilite rien". La réunion de lundi avait regroupé les membres du Comité ad hoc de l'UA, le CPS de l'UA, les pays voisins de la Libye et les partenaires internationaux. Le panel de l'UA, mis en place le 10 mars dernier, est composé, des présidents sud-africain Jacob Zuma, malien Amadou Toumani Touré, mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et congolais Denis Sassou Nguesso ainsi que du ministre ougandais des Affaires étrangères, Henry Oryem Okello et de Jean Ping.