Le professeur Mohand Issad est mort ce jeudi suite à une longue maladie. Le défunt a été l'un des grands juristes que l'Algérie a eu à connaître. On lui doit de grands ouvrages en matière de droit, plus particulièrement le droit international. Il a eu à former durant sa longue carrière des fournées de juristes aussi, non moins émérites, ici à Alger et à l'étranger, en France plus exactement. Mohand Issad, qui nous quitte à l'âge 75 ans, exerçait en tant qu'avocat et fut nommé en 1999 par le chef de l'Etat à la tête de la Commission nationale de réforme judiciaire (CNRJ), un des grands chantiers que l'Algérie a engagés récemment. Il a rendu fin 2000, un diagnostic sans complaisance sur le système judiciaire algérien dont il craignait déjà, pour y avoir exercé parmi les robes noires, « la régression » appelant de ses vœux des réformes. La pertinence de ses analyses lui a valu d'être chargé, une seconde fois, en mai 2001, par le président de la République pour présider cette fois-ci une commission d'enquête sur les événements qui ont ensanglanté la Kabylie en 2001. Mohand Issad rendra son rapport au président Bouteflika trois mois plus tard, en juillet de la même année. Malgré ces missions si délicates, il n'a jamais été mis sous les feux de la rampe, par des attitudes ou déclarations impromptues, discrétion du juriste oblige. Ainsi, il saura se montrer distant lorsqu'il s'agit de participer à des tables rondes qui ne séaient pas à son statut d'observateur neutre. Plus d'une fois, selon des témoignages, il aurait décliné des invitations dans ce sens. Il s'est astreint à une sorte de réserve refusant de s'impliquer dans les débats que la société civile voulait organiser autour de certains événements notamment ceux sur lesquels il a eu à donner son propre verdict. Une position qui force encore le respect et ajoute à la crédibilité de son parcours. En revanche, Me Issad a toujours répondu d'une manière affable et directe aux médias qui le sollicitaient souvent lorsqu'il s'agit d'éclairer l'opinion publique sur tel ou tel aspect du droit, les droits de l'homme, ou encore plus récemment sur l'opportunité de la dépénalisation des actes de gestion. Le professeur Issad sera enterré, demain, en son village natal après le rapatriement de la dépouille mortelle de France.