Photo : Makine F. Qui de nous n'a pas fulminé en percevant les remboursements de ses frais médicaux ? Qui n'a pas été révulsé par la différence entre ce qu'il a déboursé comme frais médicaux et ce qu'il a reçu comme compensation ? C'est dire que cet acte consenti par la Caisse nationale des assurances (CNAS) au profit de neuf millions d'assurés en plus de leurs conjoints et de leurs descendants ne fait pas que des heureux. Il n'y a qu'à voir les visages fermés à la sortie des bureaux de la CNAS. La déception des assurés ou des ayants droit est souvent perceptible. A l'image de ce sexagénaire venu encaisser les frais de soins dentaires : «Pourtant, la santé dentaire est primordiale pour éviter des complications cardiaques ou rhumatismales». Une autre dame ayant déboursée 900 DA pour la consultation chez un ophtalmologue et plus de 2.200 DA pour les verres de lunettes s'est vu remettre un total de 122,40 DA. «Pourquoi cotiser si nos soins ne sont pas convenablement remboursés ?», s'interroge-t-elle. Bref, ce système de remboursement est décrié par les assurés s'estimant lésés par rapport à leurs cotisations. Mais du côté de la direction générale de la Sécurité sociale auprès du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale on estime que le taux de remboursement «est appréciable». «Ce taux est de l'ordre de 80 % qui est porté à 100 % pour les maladies chroniques. Comparé à d'autres pays, ce chiffre est appréciable. A titre d'exemple, en France, il est de l'ordre de 15 % à 65 % jusqu'à 100 % dans certains cas. En Belgique, il est de 65 % à 100 % pour les personnes à faible revenu», explique Djaouad Bourkaib, DG de la Sécurité sociale au ministère. Mais ce qui est contesté dans le remboursement ce n'est pas le taux mais la tarification officielle des actes médicaux. «La CNAS est en train de développer le système du tiers payant où l'assuré n'a pas à s'acquitter des frais de l'acte médical», répond M. Bourkaib. Dans ce contexte, des conventions ont été signées au bénéfice des dialysés. Aussi, le malade ne payera ni les frais de l'acte médical même après une consultation chez un médecin privé ni les médicaments. D'autres conventions concernent la chirurgie cardiaque pratiquée dans les cliniques privées. «Ces conventions donnent droit au tiers payant aux prestations dans ces institutions sanitaires. Un autre contrat est également établi avec l'Office national d'appareillages et accessoires pour personnes handicapées (ONAAPH) qui permet désormais l'acquisition d'appareillage médical gratuitement. Et même pour le transport sanitaire, le système du tiers payant sera appliqué», assure M. Bourkaib. LA TARIFICATION EST DU RESSORT DU MINISTÈRE DE LA SANTE A cela s'ajoute le système du choix du médecin traitant. Cette disposition permet aux retraités et les membres de leurs familles d'être dispensés des frais de consultation et des actes médicaux (ECG, fibroscopie, rectoscopie, fond d'œil et échographie). Ce système est appliqué dans 27 wilayas avec 1.033 médecins choisis par 115.000 chefs de famille. Le procédé du tiers payant exercé pour les actes médicaux comme pour les médicaments et qui sera élargi aux autres wilayas dès 2013, est «en appui au système de la médecine gratuite dans notre pays», explique le directeur général de la sécurité sociale. Quid alors du barème de remboursement de l'acte médical décrié par les assurés ? Pour M. Bourkaib, la tarification de l'acte médical est fixée par le praticien lui-même. Celle-ci est majorée parfois de plus de 50 % par rapport à celle fixée par l'Etat. «Une réglementation pouvant plafonner et harmoniser les prix des consultations relève du ministère de la Santé», précise le responsable.