Photo : Riad Avec 280 000 assurés sociaux, dont 37 000 malades chroniques auxquels viennent s'ajouter 3 000 autres démunis mais pris en charge, la CNAS de Annaba débourse chaque mois 250 millions de dinars dont l'essentiel est consacré au paiement de la facture des produits pharmaceutiques prescrits pour les assurés du tiers payant (malades chroniques et retraités). 3 millions de dinars sont ainsi dépensés chaque année pour couvrir les frais de santé, ce qui est considéré comme étant excessif avec en plus une efficacité thérapeutique très en deçà des attentes des malades. Cette situation qui menace sérieusement l'équilibre financier de cette institution stratégique a amené les responsables du secteur à rationaliser les dépenses de façon à les réduire tout en veillant à ce que l'assuré bénéficie des meilleures prestations. «Notre objectif, nous déclare le directeur de la CNAS de Annaba, ce n'est pas de réduire la facture au détriment de la santé du malade pour faire des économies mais de rationaliser ces dépenses en les organisant pour les orienter vers ce qui peut donner de bons résultats avec des coûts réduits.» Ainsi, après la mise en place de la carte à puce Chiffa et son exploitation effective au niveau des pharmacies par les assurés du tiers payant, c'est au tour du nouveau système ayant trait au conventionnement du médecin traitant d'être effectivement appliqué par près d'une centaine de médecins généralistes et spécialistes établis à Annaba. La première phase dite préparatoire avait débuté à la fin de l'année dernière avec une campagne de sensibilisation à l'adresse des praticiens ; elle avait ciblé dans un premier temps 112 médecins qui ont été destinataires de formulaires d'adhésion au système que compte installer la caisse. Parmi ces derniers, 72 ont donné leur accord et ont souscrit à cette opération qu'ils ont jugée bonne au vu des avantages qu'elle présente. Les matériels informatiques nécessaires, logiciels, lecteurs et clés ont été installés au niveau des cabinets de 45 praticiens conventionnés : pour certains d'entre eux, les équipements dont ils disposent se sont avérés incompatibles et doivent être renouvelés ; pour d'autres, qui n'utilisent pas encore l'outil informatique dans la gestion de leur cabinet, l'opération n'a pu avoir lieu et a été reportée le temps que ces derniers puissent s'équiper. La clé et le lecteur, nous dit-on au niveau de la CNAS, permettent au médecin de consulter le dossier médical du patient, des traitements prescrits et d'avoir l'historique des affections, ce qui orientera le médecin à prescrire ce dont a vraiment besoin son patient, sachant que les traitements ordonnés antérieurement n'ont pas donné les résultats escomptés. Cela permettra une économie de temps et d'argent, le malade ne perdra pas son temps à prendre des médicaments qui, somme toute, n'ont pas d'effets majeurs sur son affection et la CNAS ne déboursera pas inutilement des sommes faramineuses pour couvrir les dépenses de médicaments qui, finalement, ne servent à rien. Les médecins spécialistes de la région et dont 27 ont déjà souscrit au nouveau système arrivent au second plan ; le généraliste orientera son patient vers l'un d'entre eux selon les cas, cela évitera les consultations anarchiques qui, la plupart du temps, sont à l'origine de dépenses inutiles. Après consultation, le malade sera pris en charge par le généraliste qui le suivra tout au long du traitement prescrit. En ce qui concerne les tarifs arrêtés par la CNAS, un accord a été signé entre cette institution et les médecins conventionnés, accord qui fixe le prix de la consultation à 250 DA majoré de 20% si le praticien prescrit des produits pharmaceutiques proches du tarif de référence en plus d'une autre majoration de 20% pour tout autre acte médical de prévention perçu en fin d'année. Les mêmes dispositions sont appliquées au médecin spécialiste à la différence que celui-ci perçoit 400 DA pour chaque consultation. Côté assurés sociaux, 20 000 formulaires ont été distribués par la CNAS qui a reçu à ce jour près de 4 000 accords exprimant des choix qui seront introduits dans le système informatique pour une prise en charge réelle. Le patient n'aura plus à débourser de l'argent pour une consultation ou un acte médical quel qu'il soit, il n'aura qu'à présenter sa carte Chiffa et repartir avec son ordonnance qui, elle aussi, sera payée avec ladite carte. La facture électronique qui comportera tous les actes médicaux du médecin traitant sera transmise aux services concernés auprès de la CNAS qui l'honorera dans les meilleurs délais. Ce nouveau système, s'il venait à être généralisé, pourrait régler pas mal de problèmes et éviter bien des désagréments aux assurés sociaux qui passent des heures au niveau des guichets pour les remboursements de frais, pour déposer des documents ou pour des contrôles.