L'Onu entend regagner du terrain dans la résolution du conflit libyen. L'organisation planétaire, qui a autorisé le recours à la force, semble, cette fois-ci, sérieusement privilégier la solution diplomatique. Surtout que Paris, l'un des principaux soutiens de la rébellion libyenne, joue sur les deux fronts. Soucieuse de ne pas perdre la face, elle a depuis quelques jours intensifiés ses efforts dans ce sens. Après une première conversation téléphonique entre son secrétaire général, Ban Ki Moon, et les dirigeants libyens, elle est revenue à la charge en dépêchant un émissaire sur place. M. Adbel-Elah al-Khatib été attendu hier à Tripoli puis à Benghazi pour discuter d'une solution politique au conflit en Libye. Avant son départ depuis Athènes, il a expliqué que cette visite allait lui «permettre de mieux comprendre la situation politique et d'avancer sur cette affaire». Trois mois après le déclenchement de la révolte qui a fait des milliers de morts, le colonel Mouammar Kadhafi est toujours au pouvoir malgré les 2 260 frappes de l'Otan, et la Libye n'entrevoit pas la fin du conflit qui la déchire. Mercredi à Genève, M. Ban avait, en outre, déclaré qu'il avait eu une conversation téléphonique avec le Premier ministre libyen, Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, et affirmé la nécessité d'avoir «des négociations sur un cessez-le-feu immédiat et vérifiable afin de permettre une résolution pacifique du conflit». Cependant, l'Otan voit sous un autre angle la résolution du conflit libyen. Hier, dans un entretien publié par le Sunday Telegraph, le chef d'état-major de l'armée britannique, le général David Richards, a demandé que l'Otan intensifie ses bombardements aériens sur la Libye «pour augmenter la pression» sur le colonel Mouammar Kadhafi. «L'étau se resserre sur Kadhafi, mais nous avons besoin d'augmenter la pression au travers d'une action militaire plus intense», a-t-il jugé, réclamant également un «élargissement des cibles» retenues par l'Otan en Libye. «La campagne militaire jusqu'à présent a été un succès significatif pour l'Otan et nos alliés. Mais nous devons faire plus», a-t-il encore déclaré, estimant que «si nous n'augmentons pas la mise maintenant, il y a un risque que le conflit puisse aboutir à ce que Kadhafi s'accroche au pouvoir». Le général Richards n'a, par ailleurs, pas écarté une éventuelle attaque contre la personne de Kadhafi. «Nous ne visons pas Kadhafi directement, mais s'il arrivait qu'il se trouve dans un centre de commandement et de contrôle frappé par l'Otan et qu'il soit tué, alors cela aurait lieu dans le cadre des règles» d'engagement, a-t-il conclu. Sur le «Front», samedi soir, l'Alliance atlantique a mené de nouveaux raids sur les régions de Bir Al-Ghanam, Njila et la ville d'Al-Azizya, au sud-ouest de Tripoli, a rapporté l'agence officielle libyenne Jana, déplorant des «dégâts humains et matériels». Par ailleurs, onze imams ont été enterrés samedi. Selon le régime libyen, ils ont péri dans la nuit de jeudi à vendredi dans un bombardement de l'Otan à Brega (est). Plusieurs centaines de Libyens ont assisté aux funérailles des dignitaires religieux dans le cimetière de Chati al-Henchir, à l'est de Tripoli, aux cris de «jihad, jihad» et «Dieu, la Libye et Mouammar». Dans un communiqué, l'Alliance atlantique a expliqué avoir touché un centre de commandement et de contrôle vendredi à Brega, précisant qu'il était utilisé par le régime pour «coordonner des frappes contre la population civile». Mais même s'il est isolé et affaibli, le colonel Kadhafi continu de défier la coalition. Samedi, son armée a tenté de pénétrer dans le territoire tunisien. Selon l'agence officielle tunisienne, TAP, plus de 200 militaires pro-Kadhafi ont tenté de pénétrer en Tunisie à la hauteur de Ghar Ayoub, à bord de 50 véhicules 4x4. Selon une source militaire tunisienne, les pro-Kadhafi voulaient surprendre, à partir du territoire tunisien, les insurgés qui contrôlent le poste frontière de Wazen-Dehiba.